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Tanchou Stanislas

 

Sarrut (G.) et Saint-Edme (B.), Biographie des hommes du jour, 1847.

   
 

TANCHOU (Stanislas).
M. Stanislas Tanchou est né le 6 août 1791, d’un chirurgien d'Ecueillé, petit bourg du département de l'Indre. Sa première éducation, que des circonstances rendaient difficile, se fit dans la maison paternelle et chez le curé de sa paroisse, quand les églises vinrent à se rouvrir.
A 16 ans, après avoir appris de son père les premiers éléments de la science chirurgicale, M.Tanchou quitta son pays natal ; il fut placé à Paris, chez un chirurgien du Val-de-Grâce, où il ne tarda pas à être reçu élève et prosecteur de son maître, qui faisait des cours d’anatomie. Tanchou se fit toujours remarquer par son exactitude et son intelligence. En 1809 il fut, à la suite d'un concours, commissionné chirurgien sous-aide pour l'armée d'Italie. Il fut successivement attaché aux hôpitaux de Brescia, Udine, Clagenfurt en Styrie, de Trévise, etc. et trouva de fréquentes occasions de compléter son instruction élémentaire.
Après cette campagne glorieuse, M. Tanchou vint à Savone dans le régiment dont il faisait partie (le 102e). Ce corps ayant été mis sur le pied de paix, on fit une réduction dans le personnel des chirurgiens, et comme le plus jeune, M. Tanchou fut licencié. Il devait rentrer dans ses foyers et se soumettre à la conscription ; il préféra s’enrôler, et le ler décembre 1810 il entra comme simple soldat dans un régiment où il était officier la veille. Il fallait une sorte de courage pour prendre cette résolution.
Alors M. Tanchou se livra avec ardeur à sa nouvelle profession. Il fut fait successivement fourrier et sergent-major. On organisa des bataillons pour l'Espagne, il demanda à en faire partie. Il se fit remarquer en Catalogne dans diverses affaires et ne tarda pas à passer adjudant-sous-officier. Dès-lors il devint en quelque sorte l'aide de camp de son colonel (Maréchal), il était de toutes les excursions dans les montagnes, de toutes les expéditions, où plusieurs fois il courut plus d’un danger dans cette malheureuse armée si oubliée et pourtant si dévouée et si brave ; ainsi à Altafouilla, lui quinzième, tombé dans une embuscade de miquelets, il refusa seul de se rendre et se retira seul en combattant.
En 1813, il fut à la fois nommé officier pour venir à la disposition du ministre de la guerre à Paris, et pour son régiment qu'il ne voulait pas quitter. « Allez, lui dit son colonel, l'empereur appréciera vos services, vous serez décoré. » Il avait déjà été proposé pour avoir la croix. ll fut envoyé à Dresde et de là à Leignitz dans le 138e, qui était un régiment de cohorte; là il réorganisa de son mieux une compagnie qu’on lui donna à commander, bien qu’il ne fût que sous-lieutenant, et recommença la campagne interrompue par un armistice. Il fut blessé à la bataille de Leipzig; il l'avait été déjà en Espagne : remarqué par son colonel (depuis le général d'Albignac), il fut de nouveau proposé pour la Croix.
Le 10 novembre, à la suite de cette triste et pénible campagne, M. Tanchou fut nominé lieutenant par le prince de Neuchâtel, qui le trouvait trop jeune ; en 1814, il fut de nouveau blessé à la bataille de Montmirail.
Après l'abdication de l'empereur, M. Tanchou pensait à reprendre la médecine et à rentrer dans ses foyers. Mais grâce à ses services, il fut conservé dans le 27°.
En 1815, on le désigna pour les bataillons de guerre; il vint à Paris avec son régiment, assista au Champ de Mai, et après avoir reçu des mains de l'Empereur le drapeau qu'il destinait à chaque corps, il partit pour Avesne.
A la suite des désastres de Waterloo, M. Tanchou rentra dans ses foyers avec l'intention de ne plus servir et de reprendre ses études médicales.
Avant de quitter la vie militaire de M. Tanchou nous devons signaler un fait, d'autant plus qu'il rectifie l'histoire. Il est dit dans le Mémorial prussien (1) : «  Le 21 octobre1815, à la suite de la bataille de Leipsig, les prisonniers faits dans ces journées furent confiés à un bataillon, pour être amenés en France; près de Rosbach, ces prisonniers au nombre de 4.000 et 100 officiers furent délivrés par le comte de Kenkel; l'escorte fut en partie faite prisonnière et en partie sabrée. »
Cette partie de l'escorte, de 150 hommes à peu près, se défendit et rejoignit l'arrière garde de l'armée française au moment où elle passait l'Elbe à Freybourg. Le sous lieutenant Tanchou était dans cette petite troupe; c'est lui qui remonta le courage de quelques-uns de ses camarades, qui voulaient se rendre sans coup férir, tant toute résistance paraissait d'ailleurs inutile. Cependant un carré se forme, M. Tanchou quoique blessé, s'empare du fusil d'un soldat qui ne pouvait plus se défendre ; les autres officiers en font autant, et ils se placent au premier rang pour recevoir la cavalerie, qui fit trois charges inutilement et perdit environ 400 hommes dans cette petite affaire, tandis que cette poignée d'hommes déterminés n'en perdit pas un seul. M. Tanchou fut enfin décoré à cette occasion, il avait 21 ans.
Forcé de rester pendant quelque temps dans ses foyers sous la surveillance d'un brigadier de gendarmerie, Tanchou reprit ses études médicales tant bien que mal avec les livres de son enfance.
En 1816, il obtint la permission de venir à Paris, et, désireux de se faire recevoir docteur, il dut d'abord recommencer ses études de latin ; il suivait en même temps les cours du collège de France, du collège du Plessis, ceux de la Faculté, des cours particuliers des hôpitaux, etc.
En 1818, il passa quelques examens, et en 1819 se fit recevoir docteur. Mais bientôt ses forces physiques ne répondirent point à son zèle, et ce ne fut qu'après un assez long séjour à la campagne qu'il put revenir a Paris se créer une clientèle.
Sa thèse avait été «  Sur quelques préjuges des femmes en couches » ; depuis il a publié :
1° Un mémoire sur le sclérum ou l’œdème des nouveau-nés. Bulletin de la société médicale d'émulation, Paris, 1822.
2° Un mémoire sur la péritonite des femmes en couches, même année, même bulletin.
3° Considérations sur la nouvelle doctrine médicale italienne,Annales de physiologie, 1825.
4° Un mémoire sur les Médicaments spécifiques. Journal universel des Sciences médicales, 1823.
5° Recherches sur l'état des vaisseaux sanguins, chez les varioleux. Même journal, 1825.
6° Un volume sur l'application du froid dans les maladies. Paris, 1824. (2)
7° Un mémoire sur le choléra-morbus, qui régné en 1825. Journal universel des Sciences médicales.
8° Nouveau procédé pour pratiquer l'opération de la taille sus-pubienne, inséré dans les archives, 1828.
9° Considérations sur les difficultés du cathétérisme. Archives, 1829.
10° Examen des divers procédés pour pratiquer la taille au dessus du pubis, lu a l'académie de chirurgie en 1829.
11° Un volume sur la lithotritie depuis son origine jusqu'à nos jours. Paris 1830, in-8°.
12° Essai sur les moyens d'améliorer le sort des troupes en temps de guerre et de les utiliser en temps de paix. Brochure, 1831. Journal des Sciences militaires, juin même année.
13° Influence des maladies des organes génitaux urinaires sur la voix. Bulletin de la société médico-pratique, 1851.
14° Traité des rétrécissements du canal de l'urètre et de l'intestin rectum; Paris, 1832, 1 vol. avec des planches.
Divers mémoires sur différents points de la science de guérir, soit adressés à l'Institut, soit insérés dans le Journal des connaissances médicales, la Revue, la Gazette médicale, etc. etc.
M. Tanchou est membre de la société médicale d'émulation, de la société médico-pratique, de médecine pratique, de la société de médecine de Paris, de la société d'histoire naturelle wetérévienne de Hanau, de la société de médecine de Douai, de Metz, de Lille, de Bruxelles, de l'académie de Rouen, de la société de médecine de Tours, de Bordeaux, de Marseille, de l'Académie des Sciences et des Arts de Dijon, etc. Depuis, quelques années, M. Tanchou poursuit des recherches sur le cancer ; il vient de lire a l'Institut un mémoire sur ce sujet, les résultats qu'il obtient paraissant être de nature à faire espérer qu'on peut, dans quelques cas, prévenir cette maladie et l'arrêter dans sa marche.

(1) Mémorial de la lutte sacrée de l'indépendance et de la liberté, pendant les années 1813, 1814 et 1815.
(2) On trouve dans cet ouvrage tous les principes d'hydrothérapie, nouvelle doctrine médicale, qui a pris naissance à Grafenberg, entre les mains d'un paysan.

 

 

 

 

   
 

 

     

 

 

 

     

 

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