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TANCHOU
(Stanislas).
M. Stanislas Tanchou est né le 6 août 1791, d’un chirurgien
d'Ecueillé, petit bourg du département de l'Indre.
Sa première éducation, que des circonstances rendaient
difficile, se fit dans la maison paternelle et chez le curé
de sa paroisse, quand les églises vinrent à se rouvrir.
A 16 ans, après avoir appris de son père les premiers
éléments de la science chirurgicale, M.Tanchou quitta
son pays natal ; il fut placé à Paris, chez un chirurgien
du Val-de-Grâce, où il ne tarda pas à être
reçu élève et prosecteur de son maître,
qui faisait des cours d’anatomie. Tanchou se fit toujours remarquer
par son exactitude et son intelligence. En 1809 il fut, à
la suite d'un concours, commissionné chirurgien sous-aide
pour l'armée d'Italie. Il fut successivement attaché
aux hôpitaux de Brescia, Udine, Clagenfurt en Styrie, de Trévise,
etc. et trouva de fréquentes occasions de compléter
son instruction élémentaire.
Après cette campagne glorieuse, M. Tanchou vint à
Savone dans le régiment dont il faisait partie (le 102e).
Ce corps ayant été mis sur le pied de paix, on fit
une réduction dans le personnel des chirurgiens, et comme
le plus jeune, M. Tanchou fut licencié. Il devait rentrer
dans ses foyers et se soumettre à la conscription ; il préféra
s’enrôler, et le ler décembre 1810 il entra comme simple
soldat dans un régiment où il était officier
la veille. Il fallait une sorte de courage pour prendre cette résolution.
Alors M. Tanchou se livra avec ardeur à sa nouvelle profession.
Il fut fait successivement fourrier et sergent-major. On organisa
des bataillons pour l'Espagne, il demanda à en faire partie.
Il se fit remarquer en Catalogne dans diverses affaires et ne tarda
pas à passer adjudant-sous-officier. Dès-lors il devint
en quelque sorte l'aide de camp de son colonel (Maréchal),
il était de toutes les excursions dans les montagnes, de
toutes les expéditions, où plusieurs fois il courut
plus d’un danger dans cette malheureuse armée si oubliée
et pourtant si dévouée et si brave ; ainsi à
Altafouilla, lui quinzième, tombé dans une embuscade
de miquelets, il refusa seul de se rendre et se retira seul en combattant.
En 1813, il fut à la fois nommé officier pour venir
à la disposition du ministre de la guerre à Paris,
et pour son régiment qu'il ne voulait pas quitter. « Allez,
lui dit son colonel, l'empereur appréciera vos services,
vous serez décoré. » Il avait déjà
été proposé pour avoir la croix. ll fut envoyé
à Dresde et de là à Leignitz dans le 138e,
qui était un régiment de cohorte; là il réorganisa
de son mieux une compagnie qu’on lui donna à commander, bien
qu’il ne fût que sous-lieutenant, et recommença la
campagne interrompue par un armistice. Il fut blessé à
la bataille de Leipzig; il l'avait été déjà
en Espagne : remarqué par son colonel (depuis le général
d'Albignac), il fut de nouveau proposé pour la Croix.
Le 10 novembre, à la suite de cette triste et pénible
campagne, M. Tanchou fut nominé lieutenant par le prince
de Neuchâtel, qui le trouvait trop jeune ; en 1814, il fut
de nouveau blessé à la bataille de Montmirail.
Après l'abdication de l'empereur, M. Tanchou pensait à
reprendre la médecine et à rentrer dans ses foyers.
Mais grâce à ses services, il fut conservé dans
le 27°.
En 1815, on le désigna pour les bataillons de guerre; il
vint à Paris avec son régiment, assista au Champ de
Mai, et après avoir reçu des mains de l'Empereur le
drapeau qu'il destinait à chaque corps, il partit pour Avesne.
A la suite des désastres de Waterloo, M. Tanchou rentra dans
ses foyers avec l'intention de ne plus servir et de reprendre ses
études médicales.
Avant de quitter la vie militaire de M. Tanchou nous devons signaler
un fait, d'autant plus qu'il rectifie l'histoire. Il est dit dans
le Mémorial prussien (1) : « Le 21 octobre1815,
à la suite de la bataille de Leipsig, les prisonniers faits
dans ces journées furent confiés à un bataillon,
pour être amenés en France; près de Rosbach,
ces prisonniers au nombre de 4.000 et 100 officiers furent délivrés
par le comte de Kenkel; l'escorte fut en partie faite prisonnière
et en partie sabrée. »
Cette partie de l'escorte, de 150 hommes à peu près,
se défendit et rejoignit l'arrière garde de l'armée
française au moment où elle passait l'Elbe à
Freybourg. Le sous lieutenant Tanchou était dans cette petite
troupe; c'est lui qui remonta le courage de quelques-uns de ses
camarades, qui voulaient se rendre sans coup férir, tant
toute résistance paraissait d'ailleurs inutile. Cependant
un carré se forme, M. Tanchou quoique blessé, s'empare
du fusil d'un soldat qui ne pouvait plus se défendre ; les
autres officiers en font autant, et ils se placent au premier rang
pour recevoir la cavalerie, qui fit trois charges inutilement et
perdit environ 400 hommes dans cette petite affaire, tandis que
cette poignée d'hommes déterminés n'en perdit
pas un seul. M. Tanchou fut enfin décoré à
cette occasion, il avait 21 ans.
Forcé de rester pendant quelque temps dans ses foyers sous
la surveillance d'un brigadier de gendarmerie, Tanchou reprit ses
études médicales tant bien que mal avec les livres
de son enfance.
En 1816, il obtint la permission de venir à Paris, et, désireux
de se faire recevoir docteur, il dut d'abord recommencer ses études
de latin ; il suivait en même temps les cours du collège
de France, du collège du Plessis, ceux de la Faculté,
des cours particuliers des hôpitaux, etc.
En 1818, il passa quelques examens, et en 1819 se fit recevoir docteur.
Mais bientôt ses forces physiques ne répondirent point
à son zèle, et ce ne fut qu'après un assez
long séjour à la campagne qu'il put revenir a Paris
se créer une clientèle.
Sa thèse avait été « Sur quelques
préjuges des femmes en couches » ; depuis il a
publié :
1° Un mémoire sur le sclérum ou l’œdème
des nouveau-nés. Bulletin de la société médicale
d'émulation, Paris, 1822.
2° Un mémoire sur la péritonite des femmes en
couches, même année, même bulletin.
3° Considérations sur la nouvelle doctrine médicale
italienne,Annales de physiologie, 1825.
4° Un mémoire sur les Médicaments spécifiques.
Journal universel des Sciences médicales, 1823.
5° Recherches sur l'état des vaisseaux sanguins, chez
les varioleux. Même journal, 1825.
6° Un volume sur l'application du froid dans les maladies. Paris,
1824. (2)
7° Un mémoire sur le choléra-morbus, qui régné
en 1825. Journal universel des Sciences médicales.
8° Nouveau procédé pour pratiquer l'opération
de la taille sus-pubienne, inséré dans les archives,
1828.
9° Considérations sur les difficultés du cathétérisme.
Archives, 1829.
10° Examen des divers procédés pour pratiquer
la taille au dessus du pubis, lu a l'académie de chirurgie
en 1829.
11° Un volume sur la lithotritie depuis son origine jusqu'à
nos jours. Paris 1830, in-8°.
12° Essai sur les moyens d'améliorer le sort des troupes
en temps de guerre et de les utiliser en temps de paix. Brochure,
1831. Journal des Sciences militaires, juin même année.
13° Influence des maladies des organes génitaux urinaires
sur la voix. Bulletin de la société médico-pratique,
1851.
14° Traité des rétrécissements du canal
de l'urètre et de l'intestin rectum; Paris, 1832, 1 vol.
avec des planches.
Divers mémoires sur différents points de la science
de guérir, soit adressés à l'Institut, soit
insérés dans le Journal des connaissances médicales,
la Revue, la Gazette médicale, etc. etc.
M. Tanchou est membre de la société médicale
d'émulation, de la société médico-pratique,
de médecine pratique, de la société de médecine
de Paris, de la société d'histoire naturelle wetérévienne
de Hanau, de la société de médecine de Douai,
de Metz, de Lille, de Bruxelles, de l'académie de Rouen,
de la société de médecine de Tours, de Bordeaux,
de Marseille, de l'Académie des Sciences et des Arts de Dijon,
etc. Depuis, quelques années, M. Tanchou poursuit des recherches
sur le cancer ; il vient de lire a l'Institut un mémoire
sur ce sujet, les résultats qu'il obtient paraissant être
de nature à faire espérer qu'on peut, dans quelques
cas, prévenir cette maladie et l'arrêter dans sa marche.
(1) Mémorial
de la lutte sacrée de l'indépendance et de la liberté,
pendant les années 1813, 1814 et 1815.
(2) On trouve dans cet ouvrage tous les principes d'hydrothérapie,
nouvelle doctrine médicale, qui a pris naissance à
Grafenberg, entre les mains d'un paysan. |
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