|
MARCHAND
(Louis-Joseph-Marie), connu par sa fidélité envers
Napoléon dans l'exil, est né a Paris, le 28 mars 1791.
Il entra au service de Marie-Louise, en 1811, comme garçon
d'appartement, et l'année suivante il passa au service de
Napoléon, avec les mêmes fonctions. La mère
de M. Marchand, qui était première berceuse du roi
de Rome, voulant faire exempter son fils de la conscription, en
fit faire la demande à l'empereur, qui répondit :
"Les lois s'y opposent." Mais il envoya le lendemain
à cette dame la somme nécessaire pour acheter un remplaçant
à son fils. Il faut croire que la reconnaissance engagea
M. Marchand à suivre son maître à l'île
d'Elbe. Cependant, M. Constant dit, dans ses mémoires, tome
VI, page 112, que ce fut lui qui le plaça auprès de
l'empereur, dont il fut agréé pour seconder M. Constant
dans son service. Mais celui-ci, n'ayant pas voulu suivre l'empereur
à l'île d'Elbe, M. Marchand se trouva premier valet
de chambre en titre. Lorsque l'empereur quitta l'île d'Elbe,
M. Marchand revint avec lui à Paris, et après la bataille
de Waterloo, à laquelle il assista à ses cotés,
il le rejoignit à Laon, s'arrêta quelques jours avec
lui à Paris, et l'accompagna à bord du Bellerophon
et du Northumberland, où il lui fut permis de le suivre dans
son nouvel exil. Le service de M. Marchand ne se bornait pas aux
devoirs du premier valet de chambre : l'empereur l'employait
souvent à écrire sous sa dictée, ou à
copier ce qu'il avait écrit lui-même. Il dicta ainsi,
dit-on, à M. Marchand, des Observations sur les commentaires
de César, et dans ses moments de loisir, ce serviteur
fidèle mettait en ordre des notes pour un journal des choses
mémorables dont il avait été témoin
à l'île d'Elbe, ou pendant les cent jours, et y ajoutait
des remarques sur celles qui se passaient à Sainte-Hélène.
Ces notes seront sans doute rendues publiques un jour, et elles
alimenteront encore l'intérêt puissant qui s'attache
à tout ce qui est relatif à Napoléon. Une inflammation
de l'abdomen vit suspendre ces travaux, et pendant la maladie de
son valet de chambre, l'empereur lui prodigua les soins les plus
affectueux. Dès que Napoléon fut atteint de la maladie
dont le climat augmentait l'activité, et qu'il se fut couché
sur son lit de fer, M. Marchand s'assit à ses côtés,
et ne le quitta qu'après qu'il eut rendu le dernier soupir.
Napoléon après avoir dicté son testament le
remit à M. Marchand, et l'en déclara dépositaire ;
il l'en nomma l'un des exécuteurs, et le chargea d'envoyer
de ses cheveux à tous les membres de sa famille. Il lui recommanda
aussi de remettre à son fils, dès qu'il aurait atteint
sa majorité, plusieurs objets de sa toilette, dont il n'est
pas un qui ne soit empreint d'un souvenir historique. Dans ce nombre
se trouvent le petit chapeau et la redingote grise, consacrés
par des chants populaires, le manteau de consul qu'il avait à
Austerlitz, l'habit de la vieille garde, l'uniforme des chasseurs,
etc. M. Marchand a fait des démarches inutiles pour remettre
ce legs au duc de Reïchstadt. Quant à lui, l'empereur
lui donnait par son testament 400.000 francs, à prendre sur
l'argent qu'il avait déposé à Paris, un collier
en diamants d'une valeur de 200.000 fr., 50.000 fr. comptant, plus
une part dans le mobilier, et le tiers de la bibliothèque
de Sainte-Hélène, legs d'autant plus précieux
que beaucoup des ouvrages de cette bibliothèque sont chargés
de notes autographes de Napoléon. Lorsque M. Marchand eut
rendu les derniers devoirs à celui qu'il avait servi avec
tant de fidélité dans son exil, il quitta Sainte-Hélène
et se rendit en Angleterre, où il fut reçu avec le
plus vif enthousiasme, et après un court séjour à
Londres, il arriva à Paris le 24 mai 1822. Napoléon
mourant, avait dit : « Je lègue à Marchand
400.000 francs, les soins qu'il m'a donnés sont ceux d'un
ami, je désire qu'il épouse la fille d'un soldat ou
d'un officier de ma vieille garde. » Ce souhait a été
religieusement accompli, et M. Marchand, qui habite aujourd'hui
les environs d'Auxerre, a trouvé le bonheur au sein de la
famille de l'un de nos anciens généraux les plus distingués,
M. le général Brayer, dont il est devenu le gendre.
|
|
|
|