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Marchand Louis-Joseph-Marie

 

Biographie universelle et portative des contemporains, par Rabbe, Vieilh de Boisjolin et Sainte-Preuve, tome 5, Paris 1836.

   
 

MARCHAND (Louis-Joseph-Marie), connu par sa fidélité envers Napoléon dans l'exil, est né a Paris, le 28 mars 1791. Il entra au service de Marie-Louise, en 1811, comme garçon d'appartement, et l'année suivante il passa au service de Napoléon, avec les mêmes fonctions. La mère de M. Marchand, qui était première berceuse du roi de Rome, voulant faire exempter son fils de la conscription, en fit faire la demande à l'empereur, qui répondit : "Les lois s'y opposent." Mais il envoya le lendemain à cette dame la somme nécessaire pour acheter un remplaçant à son fils. Il faut croire que la reconnaissance engagea M. Marchand à suivre son maître à l'île d'Elbe. Cependant, M. Constant dit, dans ses mémoires, tome VI, page 112, que ce fut lui qui le plaça auprès de l'empereur, dont il fut agréé pour seconder M. Constant dans son service. Mais celui-ci, n'ayant pas voulu suivre l'empereur à l'île d'Elbe, M. Marchand se trouva premier valet de chambre en titre. Lorsque l'empereur quitta l'île d'Elbe, M. Marchand revint avec lui à Paris, et après la bataille de Waterloo, à laquelle il assista à ses cotés, il le rejoignit à Laon, s'arrêta quelques jours avec lui à Paris, et l'accompagna à bord du Bellerophon et du Northumberland, où il lui fut permis de le suivre dans son nouvel exil. Le service de M. Marchand ne se bornait pas aux devoirs du premier valet de chambre : l'empereur l'employait souvent à écrire sous sa dictée, ou à copier ce qu'il avait écrit lui-même. Il dicta ainsi, dit-on, à M. Marchand, des Observations sur les commentaires de César, et dans ses moments de loisir, ce serviteur fidèle mettait en ordre des notes pour un journal des choses mémorables dont il avait été témoin à l'île d'Elbe, ou pendant les cent jours, et y ajoutait des remarques sur celles qui se passaient à Sainte-Hélène. Ces notes seront sans doute rendues publiques un jour, et elles alimenteront encore l'intérêt puissant qui s'attache à tout ce qui est relatif à Napoléon. Une inflammation de l'abdomen vit suspendre ces travaux, et pendant la maladie de son valet de chambre, l'empereur lui prodigua les soins les plus affectueux. Dès que Napoléon fut atteint de la maladie dont le climat augmentait l'activité, et qu'il se fut couché sur son lit de fer, M. Marchand s'assit à ses côtés, et ne le quitta qu'après qu'il eut rendu le dernier soupir. Napoléon après avoir dicté son testament le remit à M. Marchand, et l'en déclara dépositaire ; il l'en nomma l'un des exécuteurs, et le chargea d'envoyer de ses cheveux à tous les membres de sa famille. Il lui recommanda aussi de remettre à son fils, dès qu'il aurait atteint sa majorité, plusieurs objets de sa toilette, dont il n'est pas un qui ne soit empreint d'un souvenir historique. Dans ce nombre se trouvent le petit chapeau et la redingote grise, consacrés par des chants populaires, le manteau de consul qu'il avait à Austerlitz, l'habit de la vieille garde, l'uniforme des chasseurs, etc. M. Marchand a fait des démarches inutiles pour remettre ce legs au duc de Reïchstadt. Quant à lui, l'empereur lui donnait par son testament 400.000 francs, à prendre sur l'argent qu'il avait déposé à Paris, un collier en diamants d'une valeur de 200.000 fr., 50.000 fr. comptant, plus une part dans le mobilier, et le tiers de la bibliothèque de Sainte-Hélène, legs d'autant plus précieux que beaucoup des ouvrages de cette bibliothèque sont chargés de notes autographes de Napoléon. Lorsque M. Marchand eut rendu les derniers devoirs à celui qu'il avait servi avec tant de fidélité dans son exil, il quitta Sainte-Hélène et se rendit en Angleterre, où il fut reçu avec le plus vif enthousiasme, et après un court séjour à Londres, il arriva à Paris le 24 mai 1822. Napoléon mourant, avait dit : « Je lègue à Marchand 400.000 francs, les soins qu'il m'a donnés sont ceux d'un ami, je désire qu'il épouse la fille d'un soldat ou d'un officier de ma vieille garde. » Ce souhait a été religieusement accompli, et M. Marchand, qui habite aujourd'hui les environs d'Auxerre, a trouvé le bonheur au sein de la famille de l'un de nos anciens généraux les plus distingués, M. le général Brayer, dont il est devenu le gendre.

 

 

 

 

 

     

 

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