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Tour-d’Auvergne
(Theophile-Malo Corret de la), proclamé premier grenadier
de l’armée française, né à Carhaix,
département du Finistère, le 23 novembre 1743, se
voua dès sa première jeunesse au métier des
armes. Il entra au service en 1767, et fut fait capitaine en 1779,
au régiment d’Angoumois. En 1782, il servit indirectement
dans la guerre de l’Amérique comme simple volontaire, ensuite
comme aide de camp du duc de Crillon au siège de Mahon, et
refusa d’être le commandant de ce corps ; il fut le premier
à l’assaut, et le dernier à la retraite. Il était
aussi humain que brave ; car, après avoir sauvé un
blessé lors d’une affaire, en le portant sur ses épaules
jusqu’à un endroit moins exposé, il refusa les cent
pistoles de pension que le roi d’Espagne lui fit offrir. Dans les
premières années de la révolution française,
quoique âgé de 50 ans, et jouissant d’une pension de
retraite, il fut un des premiers sous les drapeaux. Depuis le 5
février 1792, il servit comme capitaine de grenadiers, dans
Angoumois. En 1793, il commanda 8.000 grenadiers à l’armée
d’Espagne, sans vouloir jamais accepter le titre de général.
Sous son commandement, cette avant-garde, appelée la colonne
infernale, décidait ordinairement de la victoire, avant que
le corps de bataille pût arriver. L’infanterie, guidée
par la Tour-d’Auvergne, apprit alors à se servir avec succès
de la baïonnette. Il eut le bonheur de ne recevoir aucune blessure,
quoique son chapeau et son manteau fussent souvent criblés
de balles. Il donna des preuves d’un courage extraordinaire entre
autres lors de la prise de Saint-Sebastien, et de la batterie espagnole
en-deçà de la Bidassoa. Il se chargea de toutes les
reconnaissances. Après la paix de Bâle, s’étant
embarqué pour la Bretagne, il fut pris par un corsaire anglais,
et resta un an prisonnier en Angleterre. Il vint ensuite se fixer
à Passy près Paris, où il se livra à
des occupations littéraires ; il y travailla à un
Glossaire de 45 langues, et à un Dictionnaire
français-celtique. Il avait déjà publié
ses Origines gauloises, ouvrage qui, malgré les
hypothèses hasardées qu’il renferme, n’est pas sans
mérite. Lorsqu’en 1799 la guerre éclata de nouveau,
il partit pour l’armée d’Helvétie, commandée
par Masséna, en remplacement d’un conscrit, le fils de son
ami le Brigaut, et s’y distingua par son courage. En 1800, Bonaparte,
premier consul, le nomma premier grenadier de France, et lui donna
un sabre d’honneur ; mais il refusa la pension attachée à
cette distinction honorable. Il reprit encore une fois du service,
dans la 46e demi-brigade, à l’armée du Rhin, et fut
tué, le 27 juin 1800, à la bataille de Neubourg. Il
combattait dans les premiers rangs, lorsqu’un hulan, de sa lance,
lui perça le cœur. Il fut enseveli sur le champ de bataille,
couvert de branches de laurier et de chêne. A l’endroit où
il tomba, on érigea un sarcophage, sur lequel on lisait cette
inscription : A la mémoire de la Tour-d’Auvergne, premier
grenadier de France, tué le 27 juin 1800.
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