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Dernière modification le 8 février 2006.

Latour d'Auvergne

Dictionnaire historique, critique et bibliographique, Paris 1823.

 

Tour-d’Auvergne (Theophile-Malo Corret de la), proclamé premier grenadier de l’armée française, né à Carhaix, département du Finistère, le 23 novembre 1743, se voua dès sa première jeunesse au métier des armes. Il entra au service en 1767, et fut fait capitaine en 1779, au régiment d’Angoumois. En 1782, il servit indirectement dans la guerre de l’Amérique comme simple volontaire, ensuite comme aide de camp du duc de Crillon au siège de Mahon, et refusa d’être le commandant de ce corps ; il fut le premier à l’assaut, et le dernier à la retraite. Il était aussi humain que brave ; car, après avoir sauvé un blessé lors d’une affaire, en le portant sur ses épaules jusqu’à un endroit moins exposé, il refusa les cent pistoles de pension que le roi d’Espagne lui fit offrir. Dans les premières années de la révolution française, quoique âgé de 50 ans, et jouissant d’une pension de retraite, il fut un des premiers sous les drapeaux. Depuis le 5 février 1792, il servit comme capitaine de grenadiers, dans Angoumois. En 1793, il commanda 8.000 grenadiers à l’armée d’Espagne, sans vouloir jamais accepter le titre de général. Sous son commandement, cette avant-garde, appelée la colonne infernale, décidait ordinairement de la victoire, avant que le corps de bataille pût arriver. L’infanterie, guidée par la Tour-d’Auvergne, apprit alors à se servir avec succès de la baïonnette. Il eut le bonheur de ne recevoir aucune blessure, quoique son chapeau et son manteau fussent souvent criblés de balles. Il donna des preuves d’un courage extraordinaire entre autres lors de la prise de Saint-Sebastien, et de la batterie espagnole en-deçà de la Bidassoa. Il se chargea de toutes les reconnaissances. Après la paix de Bâle, s’étant embarqué pour la Bretagne, il fut pris par un corsaire anglais, et resta un an prisonnier en Angleterre. Il vint ensuite se fixer à Passy près Paris, où il se livra à des occupations littéraires ; il y travailla à un Glossaire de 45 langues, et à un Dictionnaire français-celtique. Il avait déjà publié ses Origines gauloises, ouvrage qui, malgré les hypothèses hasardées qu’il renferme, n’est pas sans mérite. Lorsqu’en 1799 la guerre éclata de nouveau, il partit pour l’armée d’Helvétie, commandée par Masséna, en remplacement d’un conscrit, le fils de son ami le Brigaut, et s’y distingua par son courage. En 1800, Bonaparte, premier consul, le nomma premier grenadier de France, et lui donna un sabre d’honneur ; mais il refusa la pension attachée à cette distinction honorable. Il reprit encore une fois du service, dans la 46e demi-brigade, à l’armée du Rhin, et fut tué, le 27 juin 1800, à la bataille de Neubourg. Il combattait dans les premiers rangs, lorsqu’un hulan, de sa lance, lui perça le cœur. Il fut enseveli sur le champ de bataille, couvert de branches de laurier et de chêne. A l’endroit où il tomba, on érigea un sarcophage, sur lequel on lisait cette inscription : A la mémoire de la Tour-d’Auvergne, premier grenadier de France, tué le 27 juin 1800.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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