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Annales
de la Société d'émulation du département
des Vosges, Tome 12, 1864, pp. 189-194. |
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Notice
sur M. le Colonel du génie GUERY,
Par M.
Gérard Gley, Membre titulaire.
Guery (Augustin)
naquit à Épinal, le 11 novembre 1793, d'une famille
honorable. Son père, membre du conseil d'arrondissement,
receveur de la ville, le disposa à recevoir une bonne éducation.
Le 17 décembre 1803, le jeune Guery fut envoyé par
le 1er consul comme boursier au lycée de Strasbourg, où
il fit ses études avec distinction. Le 27 septembre 1811,
il fut nommé à l'École polytechnique et, le
8 octobre 1813, admis à l'École d'application de l'artillerie
et du génie, à Metz, en qualité d'élève
sous-lieutenant.
Guery appartenait à la forte génération du
premier Empire. Arrivé dans l'armée à cet âge
où tout frappe l'imagination et y laisse de profonds souvenirs,
au moment où la France avait besoin de tous ses enfants après
la désastreuse retraite de Russie, le jeune sous-lieutenant
fut employé aux travaux de défense de la place de
Metz, du 1er janvier 1814 au 14 avril de la même année.
Nommé lieutenant en second au 1er régiment du génie,
le 23 mai 1815, il fut envoyé à l'armée du
Nord et combattit à la bataille de Fleurus, qui fut livrée
à l'armée prussienne, le 16 juin 1815. Enfin il assista
à la dernière lutte de Napoléon dans les plaines
fatales de Waterloo, où il participa à l'attaque et
à la prise de la ferme de la Haie-Sainte, le 18 juin 1815.
Après cette grande et mémorable bataille, Guery suivit
l'armée sur les bords de la Loire, et fut employé
dans la 4e compagnie du 2e bataillon du 1er régiment du génie,
le 10 juillet 1815. Après la paix de Paris, le Gouvernement
de la Restauration, fort de l'appui des baïonnettes étrangères,
et ne se croyant point obligé de garder des ménagements
avec des troupes déjà presque entièrement désorganisées,
renvoya dans leurs foyers les généraux et les officiers.
Alors, par suite du licenciement général de l'armée,
Guery fut mis en non activité, le 16 octobre 1815. |
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École
polytechnique
École
de Metz
1er régiment
du génie
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Quand
il eut vu s'abîmer l'Empire, quand tout ce monde de soldats
eut disparu, quand notre armée eut succombé, ensevelie
sous les neiges de la Russie ou écrasée à Waterloo,
notre compatriote reçut de ce grand désastre une impression
profonde qu'il garda toute sa vie. Cependant, le 9 janvier 1816, il
fut rappelé sous les drapeaux comme lieutenant en 2e de sapeurs,
à la compagnie provisoire de Metz, et, le 1er octobre de la
même année, il entra comme lieutenant en 2e de mineurs
au 1er régiment du génie, à Metz. Nommé
lieutenant en 1er de sapeurs, le 14 janvier 1817, il devint lieutenant
en 1er de mineurs, le 13 février 1818, et, le lendemain, lieutenant
d'état-major du génie. Maintenu au 1er régiment
du génie, il sollicita l'emploi d'aide de camp du général
de division Haxo, qui lui fit cette réponse le 8 octobre 1818:
« Mon cher camarade, j'ai reçu avec plaisir la lettre
que vous m'avez écrite pour me faire savoir que vous accepteriez
volontiers l'emploi de mon aide de camp. Je vous ai demandé
au Ministre en celte qualité, mais S. Exc. n'a pas jugé
à propos de m'accorder l'objet de ma demande, vu que vous devez
être nommé capitaine probablement à la fin de
cette année.
Recevez, mon cher camarade, mes remerciements et mes regrets, et soyez
assuré qu'il me sera toujours agréable de servir avec
vous. »
Il fut, en effet, nommé capitaine le 25 mai 1819. Cet avancement,
il le dut à sa capacité reconnue, à la sévérité
de sa conduite, au sentiment profond qu'il avait de ses devoirs, à
son attachement inaltérable pour la discipline. Le 18 janvier
1821, il fut détaché du 1er régiment du génie
pour être employé à Strasbourg, et nommé
capitaine de 2e classe à l'état-major du génie,
le 19 janvier 1822. Dès cette année, le Comité
des fortifications et le Ministre de la Guerre exprimaient à
M. Guery leur satisfaction d'un travail dont il avait été
chargé à Strasbourg.
Avide des connaissances qui pouvaient éclairer son esprit et
hâter son expérience , il donnait à l'étude
les loisirs que lui laissait le service. Il approfondissait toutes
les parties de l'art difficile de l'ingénieur, prenant pour
appui les grands modèles, s'entourant de livres, de cartes
et des meilleurs documents scientifiques et militaires. Ses chefs
disaient avec raison que les rapports et les mémoires du jeune
officier étaient une preuve de la portée élevée
de son esprit à la fois critique et pratique.
Promu capitaine de 1re classe au 1er régiment du génie,
le 31 janvier 1827, il fut détaché l'année suivante
pour être employé à Schelestadt, d'où il
fut envoyé, le 31 janvier 1829, pour aller occuper le poste
de capitaine en 1er de sapeurs au 2e régiment, à Arras.
Mais, le 16 avril suivant, il retournait à Schelestadt comme
chef du génie ; il occupa ces fonctions difficiles pendant
près de 12 ans.
Les inspecteurs généraux s'accordaient à signaler
le capitaine Guery comme un officier de mérite et de distinction,
et, en dernier lieu, comme un chef de service des plus remarquables.
(...)
Nommé
capitaine de 1re classe de l'état-major du génie, le
15 février 1831, chevalier de la Légion d'honneur, le
26 juin suivant, il quitta le commandement du génie à
Schelestadt, par suite de sa promotion au grade de chef de bataillon,
qui avait eu lieu le 27 novembre 1840, et de sa nomination aux fonctions
d'employé à l'École d'application de Metz, le
29 mars 1841. Appelé au commandement de l'école régimentaire
du génie, à Metz, le 28 février 1843, chef du
génie à Metz, le 29 mai 1848, il remplit ces importantes
fonctions avec un dévouement qui lui a mérité,
comme nous l'avons vu, l'estime des ministres et des généraux
du génie, et avec une aménité qui lui a conquis
la sympathie de tous ceux qui ont eu l'occasion de servir avec lui,
ou de recourir à ses lumières et à son extrême
bienveillance.
Mais les services qu'il rendait, c'était dans le but d'être
utile à son pays et non de se faire valoir. Il mettait en pratique
cette belle opinion que son ami et camarade, le général
Haxo, avait donnée sur l'officier du génie : «
Un officier du génie ne doit rien faire pour l'ostentation,
ni même pour la gloire ; la nature des services qu'il peut
rendre exige que leur mérite reste toujours ignoré du
public, et ses lumières et son savoir n'appartiennent qu'à
l'État. »
Nommé successivement lieutenant-colonel à l'état-major
du génie, le 11 octobre 1849, officier de la Légion
d'honneur, le 27 mars 1851, directeur de l'arsenal du génie
à Metz, le 31 mai 1852, et colonel du génie, le 27 décembre
de la même année, M. Guery fut admis à la retraite,
le 15 novembre 1853.
Quand l'heure du repos fut arrivée, il revint à Épinal
au milieu de sa famille. Il y continua cette vie appliquée
qu'il avait menée si longtemps, s'occupant de physique, de
géologie, portant sur toute chose cette puissance de travail,
cette activité de corps et d'esprit, qui le distinguaient à
un si haut degré. Il écrivait un savant mémoire
qu'il destinait à la Société d'Émulation,
dont il se proposait de solliciter les suffrages ; il suivait
avec intérêt les progrès des inventions modernes,
annotant les ouvrages nouveaux, faisant des extraits, préparant
des matériaux de toute sorte, lorsqu'il succomba, le 26 février
1856, accompagné des regrets vifs, profonds et sincères
de ses amis et de ses concitoyens. Il n'avait pas joui longtemps du
repos qu'il avait si bien gagné.
En retraçant les états de service du colonel Guery,
nous n'avons rien dit de ses connaissances si étendues et si
variées, de sa bonté, de sa modestie surtout qu'il cherchait
à dissimuler sous des formes un peu sévères.
Mais ces belles qualités étaient connues et appréciées
de tous ses camarades, et nous terminerons cette notice en disant
que notre compatriote, toujours obligeant, toujours dévoué
et serviable, ressentait une grande jouissance à être
utile aux autres. Toutes les fois qu'on avait recours à lui,
on était reconnaissant de son accueil et de son empressement
à accorder ce qu'on lui demandait. Nature vaillante et probe,
il était d'une conscience irréprochable ; aimant
l'étude avec passion, aucune difficulté ne l'effrayait,
aucun mécompte ne le décourageait. Il n'avait d'autre
pensée dans sa jeunesse que celle d'augmenter ses connaissances
et, dans son âge mûr, d'autre ambition que celle de tout
devoir à son travail, grades, honneurs, considération
, sans que jamais la critique ou l'envie put lui reprocher d'avoir
obtenu par faveur ce qu'il sut toujours mériter par son application
laborieuse. |
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