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NÉCROLOGIE : LE
MARÉCHAL DE GNEISENAU.
Le comte Auguste-Neidard de Gneisenau , feld-maréchal au
service de Prusse , naquit le 28 octobre 176 , à Senilda
en Saxe, où son père, capitaine au service autrichien,
était en quartier d'hiver ; son grand-père, colonel
d'artillerie à Wùrzbourg, lui fit donner sa première
éducation, puis l'envoya à l'université d'Erfurt.
Ses études achevées, il entra au service du margrave
d'Anspach et de Baireuth, et partit en 1780 pour l'Amérique,
où ce prince envoyait 400 recrues à la solde de l'Angleterre
pour y faire la guerre aux colons révoltés. Il y resta
jusqu'à la paix. La Prusse ayant hérité du
margraviat d'Anspach , Gneisenau passa en qualité de lieutenant
au service de cette puissance en 1785. Devenu capitaine en 1789,
il fit les campagnes de 1793 et 1794 en Pologne, et se trouva en
1807 à Colberg, pour y remplacer le général
Lucadon. Il défendit cette place avec une vigueur qui ressortit
d'autant mieux que la plupart des commandants prussiens avaient
tenu une conduite fort différente ; il eut le bonheur de
conserver cette place à son souverain à qui il la
remit après la paix de Tilsit. Le grade de lieutenant-colonel
fut sa récompense; il fit partie de la commission chargée
de la réorganisation de l’armée, puis fut nommé
chef du corps des ingénieurs et inspecteur des forteresses
prussiennes. Le colonel Gneisenau, devenu conseiller privé,
donna sa démission de ses emplois militaires, affecta d'être
mécontent du service, partit pour l'Angleterre et y résida
jusqu'en 1810. Il cachait, sous ces apparences, une mission de confiance
que la position de la Prusse envers la France ne permettait pas
d'afficher. De retour à Berlin, il continua à remplir
des missions politiques et fit des voyages à Vienne, Londres,
Stockholm et Saint-Pétersbourg. Il reprit en 1813 ses fonctions
militaires et se rendit en Silésie, où après
la mort de Scharnhorst, il devint chef de l'état-major de
Blücher. Nous ignorons quelle part il prit aux opérations
de ce général, qui furent loin d'être toujours
marquées au coin de la prudence et de la sagesse.
Blücher écoutait facilement ceux qui l'entouraient,
ce qui pouvait ôter de l'influence aux conseils de Gneisenau.
Il fut fait lieutenant général au mois de décembre
1813, et ayant repris ses fonctions de chef d'état-major,
en 1815, il répara les fautes du général prussien
avant la bataille de Ligny, en ralliant rapidement son armée
et la faisant marcher sur Waterloo.
Ses services furent récompensés par le grade de général
de l'infanterie et le cordon de l'Aigle Noir. Il prit en 1816 le
commandement des provinces du Rhin, et en 1818 le gouvernement de
Berlin, où il résidait moins que dans ses terres.
Les troubles de la Pologne ayant décidé la Prusse
à prendre des mesures de précaution, le maréchal
de Gneisenau reçut le commandement des quatre corps d'armée
de la Prusse orientale, au mois de mars dernier. Ce fut dans ces
fonctions que la mort vint le frapper à Posen, le 24 août
suivant, dans la 71e année de son âge, vivement regretté
de l'armée et de ses concitoyens. C'était lui que
la voix publique eût placé en cas de guerre à
la tête de l'armée prussienne, dont les anciens généraux
disparaissent ainsi peu à peu de la scène du monde.
Le roi, pour honorer sa mémoire, a ordonné que son
deuil serait porté pendant huit jours par l'armée.
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