Accueil 

Annuaire

Faits et événements

Personnages

Napoléon

La France et le Monde

Waterloo

Belgique

Armées

Uniformes

Reconstitution

Publications

Liens

Nouvelles du Jour

Plan du site

Balises

   

 

 

 

 

 

 

1789-1815.com

 Personnages   >  

Dernière modification le 5 mai 2006.

Djezzar

 

Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne, tome XI.)

 
 

Djezzar (Ahmed), le Boucher, digne surnom sous lequel est connu un fameux pacha d'Acre et de Saïde. Cet homme, vraiment extraordinaire pour sa cruauté, était né en Bosnie. S'étant vendu lui-même, dans sa jeunesse, à un marchand d'esclaves, il fut conduit en Egypte, et acheté par le célèbre Ali-Bey et, d'esclave mamelouk, il parvint à la dignité de gouverneur du Caire. En 1773, après le désastre d'Ali-Bey, son patron, l'émir Yousouf lui donna le gouvernement de Beyrouth, ville de Syrie. A peine fut-il en possession de cette dignité, qu'oubliant toute reconnaissance, il s'empara de 30.000 piastres qui appartenaient au prince Yousouf, et déclara ne reconnaître d'autre maître que le sultan. Yousouf, irrité de la perfidie de Djezzar, et de la protection tacite que lui accordait le pacha de Damas, fit alliance avec Dhaher et les Russes, et vont assiéger Beyrouth par terre, tandis que la flotte russe la bombardait par mer. Djezzar ne put résister à cette double attaque ; il se remit entre les mains de Dhaher, le suivit à Acre, et s'en échappa promptement. Après la mort de Dhaher, en 1775, Hassan, capitan-pacha, établit Djezzar pacha d'Acre et de Saïde, et le chargea du soin d'achever la ruine des rebelles. Fidèle à cet ordre, il détruisit, par la force ou la ruse, la famille du cheik, réprima les bédouins de Sagr, abaissa les Druzes et anéantit presque tous les Motoualis. Ces succès lui valurent de nouvelles faveurs de la Porte. Vers l'année 1784 ou 1785, il reçut les trois queues et le titre de vizir. Son pachalik, par les divers accroissements qu'il obtint, embrassait tout le terrain compris depuis le Nahr-el-kelb jusqu'au sud de Caissarieh, entre la Méditerranée à l'ouest, l'Anti-Liban et le cours supérieur du Jourdain à l'est, et comprenait ainsi les plaines fertiles d'Acre, d'Ezdrelon, de Sour, de Haouléh et le bas Bécaah. Les relations de Djezzar et de la Porte se terminèrent comme il arrive toujours en pareil cas : le divan prit ombrage de la fortune du pacha, s'alarma de son humeur entreprenante ; de son côté, le pacha usa de toutes les ruses et supercheries possibles, pour se garantir de sa perte, et sut conserver son gouvernement jusqu'à sa mort. Il exerçait depuis vingt ans les plus horribles vexations sur les habitants de la Syrie, lorsque l'armée française arriva en Egypte. Ce homme féroce ne reconnaissait plus, depuis longtemps, l'autorité de la Porte, et n'attendit point ses ordres pour se déclarer contre les Français : l'officier que Bonaparte lui envoya fut congédié sans réponse, et les Français qui se trouvaient à Acre furent jetés dans les fers. Cependant, la Porte l'ayant élevé à la dignité de pacha d'Egypte, il fit les préparatifs qu'exigeait cette expédition. Battu, chassé de toutes ses places, il se retira à St-Jean-d'Acre, et songeait même à l'abandonner. Sidney Smith ranima son courage : Pelippeaux, officier français émigré, se chargea de la défense de la place, en rétablit ou en disposa les fortifications et, après avoir prouvé ce que peut le génie contre la force, il obligea les Français à lever le siège, au bout de soixante etun jours de tranchée, le 21 mai 1799. Pendant ce siège, Djezzar fit plusieurs sorties où il déploya une rare valeur. Lorsque le grand vizir arriva en Syrie, vers la fin de la même année, il s'éleva entre lui et le pacha des querelles si violentes, que leur armée finit par en venir aux mains et se livrer plusieurs combats sanglants, ce qui retarda l'expédition contre l'Egypte. Djezzar mourut en mai 1804, laissant des trésors immenses. Nous rapporterons ici le portrait qu'un voyageur anglais, qui visita Acre en 1801, fait de ce pacha ; il contient plusieurs traits qui le feront bien connaître : "Djezzar était à la fois son ministre, son chancelier, son trésorier et son secrétaire, souvent même son cuisinier et son jardinier, et quelquefois juge et bourreau… L'intérieur du harem de Djezzar était inaccessible à tout le monde, excepté à lui. On ne connaissait point le nombre de ses femmes ; celles qui entraient une fois dans cette prison mystérieuse étaient perdues pour le monde : on n'en entendait plus parler. On leur envoyait le dîner par un tour à l'entrée du harem : si l'une d'elles tombait malade, Djezzar amenait un médecin à cette ouverture ; la malade présentait son bras pour que le médecin tâtât son pouls ; ensuite le tyran la ramenait, et personne ne savait ce que devenait la malade. Dans les antichambres, on voyait des domestiques mutilés de toutes les manières : l'un avait perdu une oreille, l'autre un bras, l'autre un œil. Les Anglais furent annoncés par un juif, jadis son secrétaire, qui avait payé une indiscrétion par la perte d'une oreille et d'un œil. Après un pèlerinage de La Mecque, Djezzar tua de sa main sept femmes de son harem, soupçonnées d'infidélité. Il avait soixante ans ; mais sa vigueur était encore celle d'un homme dans la force de l'âge. Nous le trouvâmes assis sur une natte dans une chambre sans meubles ; il portait le vêtement d'un simple arabe, et sa barbe blanche descendait sur sa poitrine. Dans sa ceinture, il portait un poignard garni de diamants, comme marque d'honneur de son gouvernement. Quand nous entrâmes, il était occupé à tracer, avec son ingénieur, des plans de fortifications sur le sol : il acheva cette occupation avant de nous parler. Lorsque son ingénieur fut parti, il eut avec nous une longue conversation, pendant laquelle il découpait avec des ciseaux toutes sortes de figures en papier : c'était son occupation toutes les fois qu'on lui présentait des étrangers. Il donna au capitaine Culverhouse un canon de papier, en lui disant : Voilà le symbole de votre profession. Toute sa conversation était en allégories, paraboles et images." Nous pourrions rapporter ici plusieurs traits de la barbarie de ce pacha, qui se glorifiait du surnom de Djezzar, et s'efforçait d'en justifier l'application. Le baron de Tott nous apprend qu'il fit murer quantité de personnes du rit grec, pour défendre Beyrouth de l'invasion des Russes, il en fit reconstruire l'enceinte. Lors de son voyage sur les côtes de Syrie, on voyait encore les têtes de ces malheureuses victimes, que le iboucher avait laissées à découvert afin de mieux jouir de leurs tourments. Le gouvernement français voulant rétablir ses rapports commerciaux avec le Levant, chargea Sebastiani, alors colonel, d'une mission auprès de ce pacha. Djezzar l'accueillit favorablement. "Savez-vous, dit-il à l'envoyé, pourquoi je vous reçois et j'ai du plaisir à vous voir ? C'et parce que vous venez sans firman ; je ne fais aucun cas des ordres du divan, et j'ai le plus profond mépris pour son vizir borgne. On dit que Djezzar est un Bosnien cruel, un homme de rien ; mais en attendant je n'ai besoin de personne, et l'on me recherche. Je suis né pauvre ; mon père ne m'a légué que son courage. Je me suis élevé à force de travaux ; mais cela ne me donne pas d'orgueil : car tout finit, et aujourd'hui peut-être, ou demain Djezzar finira, non pas qu'il soit vieux, comme le disent ses ennemis (et dans ce moment il se mit à faire le maniement des armes à la manière des mamelouks), mais parce que Dieu l'a ainsi ordonné. Le roi de France, qui était puissant, a péri ; Nabuchodonosor, le plus grand roi de son temps, a été tué par un moucheron, etc."
J_N. (Jourdain)

 


Page d'accueil

Plan du site

Nouvelles du Jour

Pour écrire

La Patience - 1789-1815.com - waterloo1815.com  © Bernard Coppens 2006 - Tous droits réservés.