|
CONGRÈVE ( Sir William),
colonel anglais , ne dans le comté de Middlesex vers 1760,
entra jeune au service, et fit ses premières campagnes comme
officier d'artillerie ; parvenu au grade de colonel et doué
d'un esprit inventif, il s'appliqua avec succès au perfectionnement
de cette arme. En 1808, il proposa l'exécution d'une espèce
de petites bombes, sous le nom de fusées, qui devaient produire
un effet plus sûr et plus meurtrier que l'obus et la bombe.
Le gouvernement l'autorisa à les exécuter dans l'arsenal
royal de Woolwich, près de Londres, qui est le seul où
cette invention ait été pratiquée. Plusieurs
épreuves furent faites en présence du duc d'York,
et bientôt après, ces fusées , qui portent aujourd'hui
le nom de leur auteur, et qui sont encore un secret pour les autres
nations, furent employées avec un succès trop meurtrier,
dans la baie des Basques (Voy. Alexandre Cochrane) ; ensuite dans
l'expédition contre l'île de Walcheren ; en Espagne,
contre différents ports des Asturies ; dans l'odieuse expédition
de Copenhague, où elles firent un épouvantable effet,
et enfin à la bataille de Leipzig, où elles portèrent
le ravage dans tous les rangs au milieu desquels elles furent lancées.
Après la journée de Waterloo, un corps de la division
du maréchal Grouchy, s'étant jeté dans les
bois qui avoisinent le bourg de Wavre, paraissait disposé
à s'y défendre, lorsqu'il partit de Bruxelles un détachement
d'artilleurs à la Congrève, qui avait ordre de mettre
le feu à ces bois, et qui se disposait à l'exécuter,
sans la résolution que prirent les Français de gagner
Namur. Rien en effet, ne parait jusqu'ici pouvoir résister
à cette arme terrible. Ces fusées, qui ont la forme
de boites allongées, parcourent une ligne horizontale à
peu près comme les obus, et elles portent une mèche
inextinguible. Lorsqu'elles éclatent, elles lancent de toutes
parts d'autres petites grenades ou fusées, qui éclatent
à leur tour et sont très meurtrières. On les
appelle fusées à la Congrève, ou simplement
Congreves. Une de ces fusées, lancée sur la flotte
française dans la journée du 11 avril1809, à
la distance de deux mille toises, éteinte à propos,
et envoyée à la société d'encouragement
à Paris par M. de Récicourt, chargé des travaux
défensifs de l'île d'Aix, a été décrite
dans le Bulletin de cette société (Ann. 1809, pag.
200, 204 ; ann. 1810, pag 115). Elle pesait dix-huit livres et avait
trois pieds de long sur quatre pouces de diamètre. Le corps,
qui est en fort carton, est revêtu d'une feuille de tôle
; le bout est en fer. Cet artifice brûle avec une flamme vive
; mais un épais nuage de fumée le dérobe à
la vue du spectateur. Le gouvernement fit faire à Vincennes
et à Charenton des expériences, pour en vérifier
les effets et en imiter la composition. L'inventeur dirige encore
l'établissement de Woolwich ; et il en a fait les honneurs
au grand-duc Nicolas (de Russie), dans la visite que ce prince y
a faite le 28 novembre 1816. Le colonel Congrève a déclaré,
depuis la campagne de 1815, suivant les feuilles anglaises, que
si la guerre eût continué, il se proposait d'étendre
et de perfectionner tellement l'usage de ses fusées, que
le fusil serait devenu purement secondaire. La Grande-Bretagne doit
peut-être une grande reconnaissance à celui de ses
enfants qui lui a fourni ce nouveau moyen de succès ; mais
que doit l'humanité à. celui qui, après 20
ans de carnage, a cru convenable d'ajouter aux ressources dont les
hommes se sont armés jusqu'ici les uns contre les autres,
a retrouvé le feu grégeois au 19e siècle et
surpassé tout ce qu'avait inspiré, depuis tant d'années,
le génie de la destruction ! |
|
|
|