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Bréguet Abraham-Louis 1747-1823

 

Biographie universelle, ou Dictionnaire historique (...) par F.-X. de Feller, Nouvelle édition par M. Pérennès, Tome 2, Paris 1834.

   
 

BRÉGUET (Abraham-Louis), horloger-mécanicien, naquit le 10 janvier 1747 à Neuchâtel en Suisse, d'une famille d'origine française et professant la religion réformée. Encore enfant, il perdit son père. Sa mère ayant contracté un second mariage avec un horloger, le jeune Bréguet reçut de son beau-père les premiers principes de l'art qu'il exerçait. Amené à Paris en 1762, il montra bientôt les plus heureuses dispositions pour la partie dans laquelle il a excellé plus tard. En même temps qu'il s'appliquait à l'horlogerie, il trouvait le temps d'étudier les mathématiques sous l'abbé Marie, qui conçut pour lui une vive amitié. Ayant formé un établissement à Paris, il ne tarda pas à obtenir une brillante réputation. Il se fît connaître d'abord en perfectionnant les montres perpétuelles qui se remontent elles-mêmes, par le mouvement qu'on leur imprime en les portant. Bréguet les rendit d'une régularité parfaite, et dès 1780 il en fit pour la reine de France et pour plusieurs autres personnages distingués. C'est encore à lui qu'on doit l'invention du pare-chûte, pièce qui sert à garantir le régulateur de ces montres de toute fracture, lorsqu'elles éprouvent des chocs violents. Ces succès n'étaient que le prélude de ceux qui devaient l'illustrer dans le cours de sa carrière. Bréguet imagina des cadratures de répétition, d'une disposition plus sûre, des ressorts-timbres, qui sonnent d'autant mieux que la boite est plus exactement fermée, et qui ont donné l'idée de tous ces bijoux à musique, si connus aujourd'hui en Europe. Mais cet habile mécanicien ne se borna pas à des ouvrages uniquement destinés à l'usage civil. Il enrichit encore d'un grand nombre d'instruments précieux la science de la mesure du temps appliquée à la navigation, à l'astronomie et à la physique. C'est à lui qu'on doit l'échappement à force constante et à remontoir indépendant, l'échappement à hélices, l'échappement dit naturel, etc. Bréguet a construit aussi un grand nombre de pendules astronomiques, de montres ou horloges marines, et de chronomètres de poche, qui surpassent en précision et en solidité tout ce qui avait paru de plus parfait en ce genre. Plusieurs instruments nouveaux de Bréguet figurèrent à l'exposition qui eut lieu au Louvre en 1819. On y remarquait un chronomètre double de poche, à deux garde-temps d'une grande perfection, une horloge agronomique double, dont les deux mouvements et les deux pendules, absolument séparés, s'influencent de manière à se régler mutuellement, et surtout une horloge marine, servant de pendule de cheminée, à tourbillon, portant un autre chronomètre de poche. Par cette pièce qui est un véritable chef-d'œuvre, Bréguet paraissait avoir porté l'art de l'horlogerie à son plus haut degré de perfection possible. De pareils succès dans un art utile étaient pour la France un juste sujet d'orgueil et un titre réel de gloire. Bonaparte qui savait distinguer et encourager tous les genres de talents, voulant faire au grand-seigneur un présent qui lui donnât une idée de l'industrie française, lui envoya une pendule-sympathique de Bréguet. Tel en est le mécanisme, qu'il suffit de placer sur cette pendule, avant midi, ou avant minuit, une répétition de poche, soit qu'elle retarde soit qu'elle avance, pour qu'à ces deux heures, les aiguilles de la montre soient instantanément remises sur l'heure et la minute de la pendule. Parmi les ouvrages précieux qui sont sortis des ateliers de Bréguet, il faut compter encore son compteur astronomique, ses montres à répétition au tact, son compteur militaire, instrument sonnant pour régler le pas de la troupe, etc. Ajoutons qu'il a imaginé pour les télégraphes un mécanisme à la fois solide et léger. Bréguet, que la révolution avait forcé de quitter la France, reprit après la fin de nos troubles politiques sa vie laborieuse et tranquille. Il fut successivement nommé horloger de la marine, membre du bureau des longitudes, de la légion d'honneur, de l'institut. Il s'occupait d'un grand ouvrage sur l'horlogerie, où il se proposait de décrire la marche qui l'avait conduit à ses découvertes, lorsque la mort le surprit le 17 septembre 1823. Bréguet était désintéressé, modeste et plein d'ingénuité. Il laisse un fils qui, héritier de son goût et de son talent, s'est chargé de continuer ses travaux.

 

 

 

 

 

     

 

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