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BRÉGUET
(Abraham-Louis), horloger-mécanicien, naquit le 10 janvier
1747 à Neuchâtel en Suisse, d'une famille d'origine
française et professant la religion réformée.
Encore enfant, il perdit son père. Sa mère ayant contracté
un second mariage avec un horloger, le jeune Bréguet reçut
de son beau-père les premiers principes de l'art qu'il exerçait.
Amené à Paris en 1762, il montra bientôt les
plus heureuses dispositions pour la partie dans laquelle il a excellé
plus tard. En même temps qu'il s'appliquait à l'horlogerie,
il trouvait le temps d'étudier les mathématiques sous
l'abbé Marie, qui conçut pour lui une vive amitié.
Ayant formé un établissement à Paris, il ne
tarda pas à obtenir une brillante réputation. Il se
fît connaître d'abord en perfectionnant les montres
perpétuelles qui se remontent elles-mêmes, par le mouvement
qu'on leur imprime en les portant. Bréguet les rendit d'une
régularité parfaite, et dès 1780 il en fit
pour la reine de France et pour plusieurs autres personnages distingués.
C'est encore à lui qu'on doit l'invention du pare-chûte,
pièce qui sert à garantir le régulateur de
ces montres de toute fracture, lorsqu'elles éprouvent des
chocs violents. Ces succès n'étaient que le prélude
de ceux qui devaient l'illustrer dans le cours de sa carrière.
Bréguet imagina des cadratures de répétition,
d'une disposition plus sûre, des ressorts-timbres, qui sonnent
d'autant mieux que la boite est plus exactement fermée, et
qui ont donné l'idée de tous ces bijoux à musique,
si connus aujourd'hui en Europe. Mais cet habile mécanicien
ne se borna pas à des ouvrages uniquement destinés
à l'usage civil. Il enrichit encore d'un grand nombre d'instruments
précieux la science de la mesure du temps appliquée
à la navigation, à l'astronomie et à la physique.
C'est à lui qu'on doit l'échappement à force
constante et à remontoir indépendant, l'échappement
à hélices, l'échappement dit naturel, etc.
Bréguet a construit aussi un grand nombre de pendules astronomiques,
de montres ou horloges marines, et de chronomètres de poche,
qui surpassent en précision et en solidité tout ce
qui avait paru de plus parfait en ce genre. Plusieurs instruments
nouveaux de Bréguet figurèrent à l'exposition
qui eut lieu au Louvre en 1819. On y remarquait un chronomètre
double de poche, à deux garde-temps d'une grande perfection,
une horloge agronomique double, dont les deux mouvements et les
deux pendules, absolument séparés, s'influencent de
manière à se régler mutuellement, et surtout
une horloge marine, servant de pendule de cheminée, à
tourbillon, portant un autre chronomètre de poche. Par cette
pièce qui est un véritable chef-d'œuvre, Bréguet
paraissait avoir porté l'art de l'horlogerie à son
plus haut degré de perfection possible. De pareils succès
dans un art utile étaient pour la France un juste sujet d'orgueil
et un titre réel de gloire. Bonaparte qui savait distinguer
et encourager tous les genres de talents, voulant faire au grand-seigneur
un présent qui lui donnât une idée de l'industrie
française, lui envoya une pendule-sympathique de Bréguet.
Tel en est le mécanisme, qu'il suffit de placer sur cette
pendule, avant midi, ou avant minuit, une répétition
de poche, soit qu'elle retarde soit qu'elle avance, pour qu'à
ces deux heures, les aiguilles de la montre soient instantanément
remises sur l'heure et la minute de la pendule. Parmi les ouvrages
précieux qui sont sortis des ateliers de Bréguet,
il faut compter encore son compteur astronomique, ses montres à
répétition au tact, son compteur militaire, instrument
sonnant pour régler le pas de la troupe, etc. Ajoutons qu'il
a imaginé pour les télégraphes un mécanisme
à la fois solide et léger. Bréguet, que la
révolution avait forcé de quitter la France, reprit
après la fin de nos troubles politiques sa vie laborieuse
et tranquille. Il fut successivement nommé horloger de la
marine, membre du bureau des longitudes, de la légion d'honneur,
de l'institut. Il s'occupait d'un grand ouvrage sur l'horlogerie,
où il se proposait de décrire la marche qui l'avait
conduit à ses découvertes, lorsque la mort le surprit
le 17 septembre 1823. Bréguet était désintéressé,
modeste et plein d'ingénuité. Il laisse un fils qui,
héritier de son goût et de son talent, s'est chargé
de continuer ses travaux.
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