|
Prusse.
Berlin, le 20 septembre.
Le feld-maréchal prince Blucher de Wahlstadt était
né à Rostock, le 16 septembre 1742. A l'âge
de quatorze ans, la vue des hussards suédois de Poméranie
éveilla son goût pour la vie militaire ; il prit
du service chez les Suédois, et fit sa première campagne
contre les Prussiens ; il fut fait prisonnier par ce même
régiment d'hussards dont il devint ensuite le chef. Ce fut
le colonel de ce régiment qui l'engagea au service de la
Prusse. Mécontent de n'avoir pas obtenu assez d'avancement,
il prit sa retraite à la fin de la guerre de Sept-Ans, avec
le grade de chef d'escadron. L'agriculture l'occupa dès-lors
tout entier, et il améliora considérablement son patrimoine.
Sous Frédéric-Guillaume, il rentra dans son régiment
comme major, et fit les campagnes de 1795 et 1794 contre la France.
En 1806, il fut à la bataille d'Iéna, et capitula
aux environs de Lubeck avec les restes de son corps composé
de cavalerie. Il fut échangé contre le maréchal
Victor, duc de Bellune. Après la paix de Tilsitt , il fut
nommé général-commandant de la Poméranie ;
mais Buonaparte, instruit des mouvements qu'il se donnait pour réorganiser
l'armée prussienne, obtint son rappel. En 1813, âgé
de 71 ans , Blücher reparut sur le champ de bataille. Général
en chef de l'armée de Silésie, il fit le premier changer
la fortune des armes en faveur des alliés, en gagnant la
bataille de la Katzbach, le 26 août. Il poursuivit ses avantages,
en faisant une marche hardie à travers la Lusace, et en passant
l'Elbe a Wartburg.
Un succès partiel qu'il obtint à Mokern fut le prélude
de la bataille de Leipsick. Dans la campagne de 1814 , il fut incontestablement
le plus actif des généraux alliés ; le
11 février, il voulait déjà faire une pointe
sur Paris avec Sacken ; mais il fut battu à Champ-Aubert
et à Montmirail. Les détails que le Moniteur
donne sur sa défaite sont incomplets ; Blücher
y courut un plus grand danger personnel que ne le surent même
ses vainqueurs ; il faillit être entouré par un
régiment de cavalerie française, en voulant couvrir
en personne la retraite. Quelque temps après, poursuivi de
nouveau par Buonaparte, depuis les environs d'Arcis-sur-Aube jusqu'à
Laon, il manqua de perdre toute son artillerie ; mais la reddition
trop prompte de Soissons le sauva. La bataille de Laon et les manœuvres
subséquentes lui ouvrirent le chemin de Paris. Dans la campagne
de 1815, il commença par être battu à Ligny,
le 16 ; mais on sait comment il prit sa revanche, le soir du
18, à Waterloo : ce fut lui qui, seul, poursuivit l'armée
de Buonaparte : « Que tout ce qui respire encore
marche en avant. » Tel fut l'ordre qu'il donna à
dix heures du soir.
Buonaparte avait d'abord surnommé Blücher le général
des hussards ; mais il finit, en 1814, par l'appeler le
vieux chicaneur, et par avouer qu'il savait bien manœuvrer.
Le Russes lui ont donné le nom de Maréchal En
avant (Marchall Vorwaerts) pour caractériser
son audace et son activité infatigable.
|
|
|
|