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Dernière modification: 15/11/2002

Mutinerie de la flotte de la baie de Bantry (décembre 1801.)

 

Londres 9 décembre (18 frimaire). Une lettre écrite à bord du Namar, de 98 canons, dans la baie de Bantry, et datée du 3 novembre, porte que les vaisseaux le Windsor-Castle, de 98, vice-amiral Mitchell ; le Téméraire de 98, contre-amiral Campbell ; le Juste, de 84, cap sir E. Neagle ; la Résolution, de 74, cap Gardner ; la Vengeance, de 74, cap Droff, et le Majestic, de 74, cap. Gould, avaient été approvisionnés pour six mois, et étaient prêts à faire voile, avec des ordres cachetés. On les croit destinés pour la Jamaïque. Tout le reste de l'escadre était en bon état, et ne devait pas tarder à lever l'ancre. (Le Moniteur, 23 frimaire an 10 – 14 décembre 1801.)

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Angleterre. Londres, le 16 décembre (25 frimaire).  Les dépêches reçues hier à l'amirauté, de lord Gardner, et apportées de Cork à Plymouth par la frégate le Fishguard, capitaine Seymour, annoncent, dit-on, qu'un mouvement d'insubordination s'est fait sentir à bord de l’escadre mouillée dans la baie de Bantry, sous les ordres de l'amiral Mitchell. Les rapports à ce sujet paraissent très exagérés, et il y a tout lieu de croire que ce mouvement a été particulier à un seul vaisseau dont la majorité de l’équipage, servant depuis le commencement de la guerre, avait fait des représentations contre son envoi dans les Indes-Occidentales. Il y a tout lieu de croire aussi que ce mouvement a été apaisé, et que tout est rentré dans l'ordre. (Moniteur, 1er nivôse an 10, 22 décembre 1802.)

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Londres, le 18 décembre (27 frimaire) Les dernières dépêches reçues de lord Gardner confirment le retour à l'ordre de la part des équipages révoltés à bord de quelques-uns des vaisseaux faisant partie de l'escadre mouillée dans la baie de Bantry. On a principalement l'obligation à la présence d'esprit et à la grande énergie du contre-amiral Campbell et de ses officiers, assistés des troupes de marine embarquées sur le “Téméraire”, qui est un vaisseau où les symptômes d’insubordination ont été les plus alarmants. Le contre-amiral Campbell est parvenu à en imposer aux mutins en se jetant au milieu d'eux. Il en a arrêté plusieurs de sa main, et les a fait conduire à bord du vaisseau amiral, pour y être jugés et punis.

(Le Moniteur 2 nivôse an 10 - 23 décembre 1801.)

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Londres 21 décembre (30 frimaire). Des dépêches, arrivés hier au soir de la baie de Bantry à l'amirauté, annonçaient que l'ordre était entièrement rétabli à bord de l'escadre commandée par le contre-amiral Mitchell. Des lettres particulières, écrites de la même baie le 12, et reçues à Plymouth, disent que la révolte n'a pas été d'une nature aussi alarmante qu'on l'avait généralement craint, et que tout symptôme d’insubordination était disparu à bord de l'escadre. (Le Moniteur 5 nivôse an 10 - 26 décembre 1801.)

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Londres le 21 décembre (30 frimaire). Un des officiers de l'escadre mouillée dans la baie de Bantry, écrit, en date du 15 décembre : "Nous sommes toujours dans une situation déplorable ; les équipages des quatre bâtiments qui ont refusé d'aller aux Indes-Occidentales, persistent dans leur désobéissance. Sir André Mitchell, qui ne veut rien prendre sur lui, a écrit à l'amirauté, et nous attendons avec impatience la décision de leurs seigneuries. L'amiral sir Erasme Gower a été extrêmement mal ; mais il se rétablit. Nous ne savons pas encore quand nous quitterons cette maudite baie. Le "Téméraire” et “le Formidable” ont depuis eu ordre de se rendre à Spithead, pour que les révoltés à leur bord soient livrés à une cour martiale.On dit que les lords de l'amirauté ont arrêté un plan qui doit prévenir désormais toute insurrection à bord de nos flottes.L'ordre à tous les officiers de ne pas découcher de leurs bâtiments, a commencé à recevoir son exécution dans la baie de Cawsans. (Le Moniteur 6 nivôse an 10 - 27 décembre 1801.)

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Londres, 23 décembre (2 nivôse). Des lettres récentes d'Irlande annoncent que le reste de l'escadre de l'amiral Mitchell, non seulement n'a pris aucune part à l'insurrection du Téméraire et du Formidable, mais a même montré la plus vive indignation sur la conduite des révoltés. (Le Moniteur 7 nivôse an 10 - 28 décembre 1801.)

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Londres le 23 décembre (2 nivôse). Le Times rapporte une lettre de la flotte mouillée à Bantry-Bay. Elle est du 15. Selon cette lettre, il règne encore de la fermentation parmi les matelots. On voit au contraire, dans le “True Briton”, que l'ordre est entièrement rétabli. Le “Téméraire” et le “Formidable” sont attendus à Spithead, où les mutins seront jugés. Les prisonniers sont au nombre de 12 ou 15. (Le Moniteur 8 nivôse an 10 - 29 décembre 1801.)

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Londres, 1er janvier 1802. La flotte de la baie de Bantry est arrivée à Spithead. les équipages révoltés ont dû être mis aussitôt en jugement. (Journal de Paris, 17 nivôse an 10 – 7 janvier 1802..)

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Londres, le 1er janvier (11 nivôse). La flotte, sous les ordres de l'amiral Mitchell, a quitté la baie de Bantry, et est entrée, hier au soir, dans le port de Portsmouth. Son arrivée met fin à toutes les incertitudes et à toutes les rumeurs qui couraient sur le bon ou le mauvais esprit qu'on disait régner parmi les équipages. Il a été détaché de la flotte de l'amiral Saumarez quatre vaisseaux de ligne pour les Indes-Occidentales. (Le Moniteur 18 nivôse an 10 – 8 janvier 1802.)

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Londres, 2 janvier (12 nivôse). L'insurrection sur la flotte de la baie de Bantry n'a pas été aussi sérieuse qu'on l'avait dit et appréhendé. On ne compte que quinze individus mis aux fers. Il est donc probable que si la flotte est rentrée dans Portsmouth, ce n'est que parce qu'on est parfaitement tranquille sur le but de l'expédition de Brest. (Le Moniteur 20 nivôse an 10 – 10 janvier 1802.)

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Londres, 7 janvier ( 17 nivôse). La cour martiale chargée de juger les révoltés de la flotte de sir Andrew Mitchell, a tenu hier matin sa première séance à bord du Gladiateur dans la rade de Portsmouth. Plusieurs personnes ayant été remarquées prendre des notes, la cour défendit de les publier jusqu'à ce que le procédure fût terminée.

Une escadre consistant dans le Téméraire, le Formidable, le Majestic, le Thésée, l'Orion, la Résolution et la Vengeance, tous sept vaisseaux de ligne, et la frégate la Résistance, ont ordre d'appareiller le plus promptement possible de Portsmouth, pour se rendre aux Indes Occidentales, sous le commandement du contre-amiral Campbell. (Le Moniteur 22 nivôse an 10 – 12 janvier 1802.)

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Londres, le 11 janvier (21 nivôse). Les charges contre les marins du Téméraire, en jugement à bord du Gladiateur dans la rade de Spithead sont :

1° D'avoir tenu ou cherché à tenir des assemblées séditieuses.

2° D'avoir proféré des expressions sentant la révolte, ou de s'être abstenus de révéler à leur commandant celles à leur connaissance qui respiraient la trahison, et tendaient à nuire au service de S.M.

3° D'avoir assisté à ces scènes de mutinerie et de sédition, et de ne s'être pas opposés de toutes leurs forces contre celles du même genre, qui ont eu lieu entre le 1er et le 11 décembre 1801.

La lecture des pièces à la charge des prisonniers a été terminée le 8 ; ils ont demandé que leur défense fût remise au lendemain matin. Ils ont paru aussi désirer avoir un conseil, et M. Barry, l'avocat, qui se trouvait présent, s'offrit de leur en servir. La cour a fait droit aussitôt à ces deux demandes.Le lendemain, à neuf heures, les prisonniers ayant représenté que leur défense ne serait prête qu'à midi, la cour suspendit sa séance jusqu'à cette heure ; et lorsqu'elle l'eût reprise, chaque prisonnier remit sa défense par écrit, laquelle fût lue par le juge-avocat. Les témoins furent ensuite appelés et examinés de la part des prisonniers ; après quoi la cour s'est ajournée à ce matin neuf heures. (Le Moniteur 27 nivôse an 10 – 17 janvier 1802.)

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Londres, 14 janvier. Des 14 marins de Bantry (*), 13 ont été condamnés à mort, et un à recevoir 200 coups de garcettes à nu sur le dos. Collins, l'un des condamnés à mort, après avoir entendu prononcer sa sentence, adressa aux juges le discours suivant :

"Qu'il me soit permis de présenter à la cour mes sincères remerciements pour la patience et l'indulgence qu'elle m'a témoignées. Je reconnais la justice de ma sentence. J'ai violé les lois de mon pays et la discipline de la marine ; mais je déclare devant le Dieu Tout-Puissant, que l'idée du meurtre n'est jamais entrée dans mon cœur. Je prends publiquement le ciel à témoin de cette déclaration, et je me confie en sa sincérité pour espérer mon pardon dans l'autre monde. Que le ciel daigne protéger les îles britanniques et le gouvernement, et que Dieu veuille bien recevoir mon âme."

A ces mots, tous les autres prisonniers proférèrent : Amen.

Du 15. Six des condamnés doivent être exécutés aujourd'hui à bord du Téméraire, où ils ont été conduits hier. (Le Moniteur 1er pluviôse an 10 – 21 janvier 1802.)

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Portsmouth, le 15 janvier (25 nivôse). Le pavillon jaune, signal ordinaire des exécutions, a été arboré ce matin sur le Téméraire, le Formidable et le Majestueux. Les condamnés, savoir : Chesterman, Collins, Hillier et Fitzgerald, à bord du Téméraire ; Ward, à bord du Majestueux, et Mayfield, à bord du Formidable, ont été amenés pour subir leur sentence. On avait dressé à cet effet une plate-forme sur l'avant de chacun de ces trois vaisseaux. Les malheureux ont paru avec une contenance qui annonçait assez leur repentir. Ils avaient montré, pendant tout le temps de leur arrestation, la résignation la plus parfaite. On ne peur lire sans émotion la lettre qu'ils ont écrite au R.M. Jones, chapelain du Téméraire, pour lui demander son assistance dans ces pénibles moments. (...)

Lorsqu'ils furent arrivés sur la plate-forme, un d'eux  présenta, au nom de ses infortunés camarades et au sien, un papier qui fut lu tout haut à l'équipage ; il contenait ce qui suit :

"Souvenez-vous de ce que vous devez à Dieu, et, pour l'amour de lui, à votre roi et à votre pays. Vous sentez quelle a été la cause fatale du triste sort que nous éprouvons, et des remords qui doivent vous tourmenter vous-mêmes, si vous considérez combien vous avez contribué, en nous soutenant, à nous mener où nous sommes dans ce moment.

"Nous avons refusé de nous confier à la sagesse de nos chefs, comme doit le faire tout bon sujet. Ils veillent pour le salut de tous. Comment avons-nous osé préférer notre plaisir et nos intérêts personnels à ce qu'ils jugeaient nécessaires pour le bien public ?  comment avons-nous pu nous rendre indignes des louanges et des honneurs dont notre pays a si généreusement comblé ses héros marins, qui se sont battus pour elle avec tant de bravoure ? comment avons-nous été assez insensés pour nous perdre par notre impatience, et sacrifier, en nous refusant à quelques mois de service de plus, toutes les bénédictions d'une paix pour laquelle nous avions travaillé pendant neuf longues années. Oh ! si nous avions fait ces réflexions plus tôt ! mais notre sort est décidé. Notre course en ce monde est finie. Faites vous-mêmes un bon usage de ce qu'il vous reste encore à vivre. (…) Priez pour nous : nous prions de cœur pour vous. Amen."

Après quelques instants passés en prière, un coup de canon donna le signal fatal, et l'exécution eut lieu de suite. (Moniteur, 5 pluviôse an 10.)

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Londres, 19 janvier. Le jour même de l'exécution, l'escadre destinée pour les Indes-Occidentales a mis à la voile. Elle est composée en grande partie des vaisseaux stationnés à Bantry. C'est le triomphe le plus complet de la fermeté et de la discipline militaire, sur l'esprit de révolte et d'insubordination. Nous ne pouvons nous empêcher d'admirer, sur ce point, comme sur tout, le talent, la sagesse, le secret, et surtout le bonheur qui n'a cessé d'accompagner les démarches du vertueux M. Addington. (Journal de Paris, 5 pluviôse an 10.)

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Angleterre. Londres, 22 janvier. - Les cinq matelots condamnés à mort par la seconde cour martiale, ont été exécutés le 19.  (Journal de Paris, 8 pluviôse an 10.)

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