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Dernière modification: 15/11/2002

Prise de Lübeck 1806

 

Lübeck, ville libre et hanséatique, a été prise le 6 novembre  1806 par le corps d'armée du maréchal Bernadotte, à la poursuite des débris de l'armée prussienne défaite à Iéna, et conduits par le général Blücher.  Malgré son statut de neutralité, la ville fut livrée à un pillage effréné.

On lit dans les "Souvenirs militaires" du général de Pelleport :
"Je ne rappellerai pas ici les scènes de désordre dont la ville de Lubeck fut affligée par suite de notre victoire. Le souvenir m’en fait honte encore ! Les caves furent forcées, et les maisons de campagne entièrement dévastées ; leurs meubles, même les plus précieux, servirent au feu des bivouacs ; je n’avais pas vu encore un pareil vandalisme. » (t. 1, p 238)

Le colonel Laffite, du 18e dragons, écrit de Lübeck le 6 novembre 1806 :
« Ma Cécile, je t’écris d’une ville pillée, saccagée, et enfin livrée à tout ce que la guerre a de plus affreux. » (Carnets de la Sabretache, septembre 1967, p. 376.)

Le colonel Vigo-Roussillon écrit dans ses Souvenirs :
« On se battit avec acharnement dans les rues, elles étaient toutes jonchées de cadavres. Jamais je n’avais vu un pareil carnage : les hommes, les chevaux tués, les canons et les voitures renversées, le pavé teint de sang et couvert d’armes brisées, les cris des malheureux habitants livrés à la fureur des soldats qui, ne sachant pas que c’était une ville libre, se croyaient en pays ennemi ; tout cela présentait un horrible tableau. (...) Mais les plus malheureux, les plus à plaindre, nous semblaient être les habitants de l’infortunée Lübeck. Cette ville sage, commerçante, ne s’était mêlée en rien à une guerre qui, commencée à 200 lieues d’elle, semblait devoir lui demeurer indifférente et cependant elle avait été transformée tout à coup en un champ de bataille, et quel champ de bataille ! (p. 189 .)

Un officier de hussards, Bangofsky, raconte dans ses souvenirs qu’il a dû mettre le sabre à la main, ainsi que d’autres officiers, pour protéger la maison dans laquelle il avait été accueilli :
"Les soldats, à qui l'on avait laissé la main haute, se dispersant en ville, pillaient les maisons, au milieu de cris et de lamentations. C’était pitié de voir et d’entendre les malheureux habitants, innocentes victimes de cette journée qui avait coûté tant de sang ! (…) Cette situation dura trois jours et trois nuits pendant laquelle la ville fut saccagée." (Bangofsky, Etapes, pp. 33-34.)

Le ministre de la police, Fouché, rend compte à l’Empereur, le 29 mai 1807, des mesures qu’il a prises contre la circulation d’une brochure racontant le sac de Lübeck :
"Le sénateur ministre a eu avis qu’on se proposait de mettre en vente une brochure intitulée :
Récit de ce qui s’est passé à Lubeck, dans la journée du jeudi 6 novembre et les suivantes. Lettre écrite à Madame la comtesse F. d. B. Par Ch. De Villers. Paris, chez Haussemann, imprimeur, rue de la Harpe, n° 80.
"Son Excellence a chargé la préfecture de police de prendre les mesures convenables pour empêcher la circulation de cet ouvrage. Une perquisition a été faite chez l’imprimeur désigné. On y a trouvé les formes composées et un seul exemplaire de feuilles d’épreuve. L’imprimeur a déclaré qu’il n’en avait tiré encore que trois exemplaires, mis à la disposition de la police générale et qu’il attend le résultat de l’examen pour continuer le tirage. Les formes ont été brisées ; les feuilles d’épreuve retirées ; l’ouvrage entier a disparu. C’est un tableau atroce et odieusement chargé de mille horreurs prétendues commises par les Français à Lubeck : pillage universel, massacres, viols, etc., etc. Ce morceau a déjà été imprimé en Allemagne. On se demande si M. Charles de Villers aurait aussi bien donné carrière à son imagination et s’il enverrait imprimé son récit à Petersbourg, s’il s’agissait d’une ville prise d’assaut par une armée de Russes."

(E. d’Hauterive, la Police secrète du 1er Empire, tome III, p. 260.)

 

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