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GUILLOTINE,
s, f.
Dès les premières années du XVIe siècle,
les Italiens se servaient, pour opérer la décapitation
des condamnés à mort, d'une machine composée
de deux poteaux plantés verticalement et joints par une traverse
à leur partie supérieure. Une lourde hache suspendue
à cette traverse, et que l'on faisait tomber au moment convenable,
tranchait le cou du patient qui était posé sur un
bloc de bois placé au-dessous. Cette machine s'appelait Mannaja.
Un appareil du même genre était usité en Ecosse
sous le nom de Maiden. Cet instrument de supplice était
également connu en France, puisqu'on l'employa en 1632, lorsque
le duc de Montmorency fut exécuté à Toulouse.
La Guillotine ne date donc pas de la révolution, elle n'a
donc pas été inventée par le docteur Guillotin.
On ne fit alors que généraliser et perfectionner une
Invention déjà vieille de deux siècles. En
1789, lorsque la Constituante s'occupait de refondre notre législation
pénale, un des représentants, le docteur Guillotin,
proposa (28 nov.) d'appliquer la peine de mort suivant un mode uniforme,
quelle que fût la condition des condamnés, et il indiqua
la décapitation comme le procédé à la
fois le plus sûr, le plus rapide et le moins barbare. Le principe
fut adopté, mais on ne songea à son application qu'en
1791, et c'est à la Législative qu'appartint cette
tâche. Chargée par cette assemblée de donner
son avis sur le meilleur mode de décollation, l'Académie
de médecine présenta, le 7 mars 1792, un rapport signé
de son secrétaire perpétuel le docteur Louis, dans
lequel elle proposait l'emploi de la Mannaja italienne modifiée.
Le 20 décembre suivant, un décret sanctionna les conclusions
de ce rapport. La première machine fut construite, sous la
direction du docteur Louis, par un mécanicien allemand, nommé
Schmidt, et essayée, le 17 avril de la même année,
sur trois cadavres, à Bicêtre. Enfin, après
quelques modifications de détail, dont la principale, suggérée
par le docteur Louis, consistait à donner une disposition
oblique au couperet, qui était primitivement en forme de
croissant, elle fut définitivement livrée aux exécuteurs.
La première exécution eut lieu à Paris, le
25 avril 1792, sur un voleur de grand chemin, appelé Nic.
Jacq. Pelletier, et le 21 août suivant, elle servit, pour
la première fois, en matière politique, lors du supplice
de Collenot d'Angremont, l'un des condamnés à mort
à l'occasion de la journée du 10 du même mois.
Quant à son nom, la machine fut d'abord appelée Louison
ou petite Louisette, du nom du secrétaire de l'Académie
de médecine, mais elle reçut presque aussitôt,
on ne sait pourquoi, d'un des journaux du temps, la dénomination
de Guillotine, qui lui est restée, bien que le docteur Guillotin
fût entièrement étranger à son adoption.
Enfin, pour en finir avec les erreurs populaires auxquelles cet
instrument a donné lieu, nous ajouterons qu'il n'a pas servi
à décapiter son prétendu inventeur, lequel
est mort paisiblement dans son lit, le 26 mal 1814. La guillotine
est aujourd'hui employée dans un grand nombre de pays ; néanmoins,
dans quelques Etats, on a conservé l'ancien mode de décapitation
par la hache. |
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