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Dernière modification: 28/11/2002

Géorgie : Pays d’Asie qui fait partie de la Perse entre la mer Noire et la mer Caspienne.(...)

Cette vaste région pour la protection de laquelle les Perrsans et les Turcs ont si longtemps combattu, et qui est enfin restée aux premiers, fait un des états les plus fertiles de l’Asie. Il n’en est guère de plus abondant, ni où le bétail, le gibier, le poisson, la volaille, les fruits, les vins soient plus délicieux.

Les vins du pays, surtout ceux de Téflis, se transportent en Arménie, en Médie et jusqu’à Ispahan, où ils sont réservés pour la table du Sophi.

La soie s’y recueille en quantité ; mais les Géorgiens qui la savent mal apprêter, et qui n’ont guère de manufactures chez eux pour l’employer, la portent chez leurs voisins, et en font un grand négoce en plusieurs endroits de Turquie, surtout à Arzeron et aux environs.

Les seigneurs et les pères étant maîtres en Géorgie de la liberté et de la vie, ceux-ci de leurs enfants, et ceux-là de leurs vassaux, le commerce des esclaves y est très considérable, et il sort chaque année plusieurs milliers de ces malheureux de l’un et l’autre sexe avant l’âge de puberté, lesquels pour ainsi dire, se partagent entre les Turcs et les Persans qui en remplissent leurs sérails.

C’est particulièrement parmi les jeunes filles de cette nation (dont le sang est si beau qu’on n’y voit aucun visage qui soit laid), que les rois et les seigneurs de Perse choisissent ce grand nombre de concubines, dont les orientaux se font honneur. Il y a même des défenses très expresses d’en trafiquer ailleurs qu’en Perse ; les filles géorgiennes étant, si l’on peut parler ainsi, regardées comme une marchandise de contrebande qu’il n’est pas permis de faire sortir hors du pays.

Il faut remarquer que de tout temps on a fait ce commerce ; on y vendait autrefois les beaux garçons aux Grecs. Ils sont, dit Strabon, plus grands et plus beaux que les autres hommes, et les Géorgiennes plus grandes et plus belles que les autres . Le sang de Géorgie est le plus beau du monde, dit Chardin : la nature, ajoute-t-il, a répandu sur la plupart des des grâces qu’on ne voit point ailleurs ; et l’on ne trouve en aucun lieu ni de plus jolis visages, ni de plus fines taille que celles des Géorgiennes ; mais, continue-t-il, leur impudicité est excessive.

On voit en Géorgie des Grecs, des Juifs, des Turcs, des Persans, des Indiens, des Tartares et des Européens. Les Arméniens y sont presqu’en aussi grand nombre que les naturels même. Souverainement méprisés ils remplissent les petites charges, sont la plus considérable partie du commerce de Géorgie, et s’enrichissent aux dépens du pays.

Quoique les mœurs et les coutumes des Géorgiens soient un mélange de celles de la plupart des peuples qui les environnent, ils ont en particulier cet étrange usage, que les gens de qualité y exercent l’emploi de bourreau ; bien loin qu’il soit réputé infâme en Géorgie, comme dans le reste du monde, c’est un titre glorieux pour les familles. (Encyclopédie, tome 7, 1757, p. 640.)

 

 

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