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Leyde,
le vendredi
9 janvier 1789.
Extrait d’une lettre de Paris, du 2 janvier 1789.
Aujourd'hui sera publié le résultat du conseil d’Etat du Roi, tenu
à Versailles le 27 décembre 1788. (...)
Non seulement les patrouilles ont été
doublées, mais encore les Gardes françaises et suisses en
font elles-mêmes jusqu’à deux heures après minuit. En effet, il
ne faut rien moins qu’une police aussi attentive et vigilante, pour
maintenir dans ce temps désastreux le repos et la tranquillité d’ une
ville immense, remplie de gens réduits à la dernière misère par
la cessation Non seulement les patrouilles ont été doublées,
mais encore les Gardes françaises et suisses en font elles-mêmes
jusqu'à deux heures après minuit. En effet, il ne faut rien moins
qu'une police aussi attentive et vigilante, pour maintenir dans
ce temps désastreux le repos et la tranquillité d' une ville immense,
remplie de gens réduits à la dernière misère par la cessation de
tout travail. Il est vrai, que les secours sont fort nombreux, et
jamais la charité publique ne s’est exercée d’une manière si étendue,
ni avec plus de prévoyance. Grâce aux soins de l’administration,
Paris est pourvu de farines, dont la plupart des provinces manquent,
faute d’eau, toutes les rivières du royaume, le Rhône même, étant
prises de glaces.
La « Gazette de France », de la date de ce jour, observe
« que l’histoire ne fournit pas d’exemple d’un hiver aussi
long, aussi froid, et aussi constant que celui qu’on éprouve à Paris.
Le 24 novembre dernier, la gelée commença à se manifester par un
vent d’Est-Nord-Est et par un ciel serein. Depuis ce jour, le froid
est allé en augmentant, gelant à toutes les heures du jour et de
la nuit jusqu’au 25 décembre, qu’un faux dégel s’était annoncé.
Mais la gelée a repris deux jours après, avec la même force qu’auparavant,
et ce grand froid continue. Dès le 26 novembre, la rivière
de Seine se trouva gelée en plusieurs endroits : peu de jours
après, elle fut prise et continue de l'être : elle l'est plus complètement
qu'elle ne l'a été en 1776.
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Les
affaires du Nord prennent insensiblement un intérêt, que l'importance
des événements, qui se passent sur les deux grands théâtres, la
France et l'Angleterre, peut seule faire perdre de vue pour peu
de temps. (...) Il est à craindre, encore, que la fin de l'hiver
n'y amène une guerre plus générale.
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Extrait
d'une lettre de Copenhague du 20 décembre. Un courrier, arrivé ici
de Suède, a apporté la nouvelle, que S.M. Suédoise s'était enfin
déterminée à convoquer les Etats de son royaume ; que l'ouverture
de la Diète avait d'abord été fixée au 19 janvier, mais qu'elle
venait d'être différée de huit jours et remise au 26 du même mois.
(...) Le but qu'on annonce de sa convocation, c'est de délibérer
sur la paix avec la Russie et le Danemarck, ou sur les moyens de
faire la guerre avec succès ; mais le parti, contraire au roi, y
soupçonne des vues plus étendues.
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Vendredi
16 janvier 1789.
Extrait
d'une lettre de Paris du 9 janvier. (...) La noblesse bretonne
n'est guère disposée à céder du terrain : lorsqu'il s'agit de ses
privilèges, elle est peut-être dans toute la France le corps le
plus jaloux de leur conservation ; et l’on ne peut guère s’attendre
qu’elle fléchira à cet égard, surtout aussi longtemps qu’elle pourra
opposer au Tiers-Etat des villes celui des campagnes et les paysans
de ses terres, qui tous lui sont dévoués. C’est la crainte d’une
guerre civile entre les habitants des villes et ceux du Plat-pays,
bien plus que le désir d’humilier la ville de Quimper, qui a amené
ici la députation de 14 membres du parlement de Rennes ; et
c’est d’après leurs justes appréhensions, que le gouvernement paraît
décidé à faire avancer beaucoup de troupes de ce côté, pour contenir
les deux partis. Il faut croire que le danger est pressant, puisqu’il
est question d’envoyer 30 régiments.
De
Paris, le 9 janvier. Le cardinal de Rohan n’a dû quitter Marmoutier
que le 3 de ce mois, pour aller à Rochefort, où sa famille est rassemblée,
et de là à Strasbourg. Les seules conditions qui aient été mises
à son rappel, c’est qu’il n’approchera point des lieux où sera la
cour, et qu’à Strasbourg il ne recevra pas les honneurs, dus d’ailleurs
à sa dignité.(…)
On espère que la présente fermentation s’assoupira, du moins jusqu’à
ce que la grande question, dont S.M. a laissé la décision à L’Assemblée
même des EG, savoir si l’on délibérera par ordre ou par tête, vienne
encore échauffer l’esprit de parti et partager les sentiments. Tous
les jours il paraît en cette capitale de nouvelles brochures. (...)
Mais
le prévôt des Marchands et les échevins, qui constituent le Corps-de-Ville,
ont prévenu toute réclamation ultérieure à ce sujet par l’arrêté
qu’ils viennent de prendre, où ils établissent eux-mêmes »que
toute députation doit être le résultat de la volonté parfaitement
libre de ceux qui députent ; et que l’universalité des citoyens
peut seule exercer le droit de voter pour les électeurs qui doivent
nommer leurs représentants. D’après cette déclaration et la renonciation
expresse au droit, que leurs prédécesseurs s’étaient arrogés, de
nommer eux seuls les représentants de la capitale aux Etats-Généraux
tous les habitants, qui payent plus de 6 ou de 10 livres de capitation,
pourront voter pour le choix des électeurs. Chaque quartier choisira
ainsi les siens, et ceux-ci, réunis à l’Hôtel-de-Ville, nommeront
les représentants de Paris aux Etats-Généraux . Le nombre de ceux-ci,
à raison de 4 députés pour chaque cent mille, pourra aller à 24
ou 25 au moins.
Dans
une assemblée générale des actionnaires de la Caisse d’Escompte,
tenue hier, ils ont voté unanimement de prêter 25 millions au gouvernement
à 5 % d’intérêt, remboursable dans quinze mois.
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Leyde,
le mardi 20 janvier 1789.
Extrait
d’une lettre de Varsovie du 3 janvier. Ce fut avant-hier au
soir que le lieutenant-colonel Godlewski arriva ici comme courrier,
avec la nouvelle de la prise de la prise de cette forteresse (Oczakow,
dans la nuit du 16 au 17 décembre 1788). La perte des Russes est
éaluée aujourd'hui à 1.200 hommes tués et 1.600 blessés. L'on a
eu la plus grande peine de réprimer la fureur des soldats, irrités
de la résistance que les Turcs faisaient encore, déjà après la prise
de la place. De là le grand nombre de massacrés, puisqu'en effet
le carnage a été terrible ; ou plutôt, ce fut une véritable boucherie.
L'on compte que 8.000 Turcs ont perdu ce jour-là la vie. (...)
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Leyde,
le vendredi 23 janvier 1789.
De
Vienne, le 7 janvier. L'Empereur a assisté le dimanche 4 au
Te Deum, à l'occasion de la prise d'Oczakow, dont la nouvelle avait
été apportée le 2 à l'ambassadeur de Russie par le major Lamsdorff,
expédié comme exprès par le prince Potemkin.
Extrait
d'une lettre de Rennes du 8 janvier. S. M. a pris la résolution
de suspendre la séance des Etats de la province de Bretagne jusqu'au
3 février, pendant lequel temps les députés du Tiers-Etat se retireront
dans leurs villes, à l'effet d'y recevoir de nouveaux pouvoirs.
Le matin du 8 janvier, la noblesse a unanimement et par acclamation
fait serment "de ne jamais prendre part à aucune autre administration
que celle déjà établie et qui donnât la moindre atteinte à la constitution."
L'Eglise a fait le même serment par la brochure de son président,
et ces deux ordres ont déclaré "qu'ils ne se conformeraient
point à l'arrêt du conseil. En conséquence ils ont arrêté "de
ne pas désemparer de la salle des Etats jusqu'au retour du Tiers,
et de faire au Roi des remontrances et supplications sur l'état
fâcheux de la province, ainsi que de lui adresser de vives
instances, pour qu'il lui plaise de retirer l'acte du conseil. L'on
est d'ailleurs convenu que quelques membres resteraient jour et
nuit dans la salle des Etats, comme séance tenante.
(à
suivre.
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