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La Gazette de Leyde

 

     

La Gazette de Leyde était à la fin du XVIII e  siècle un des principaux  journaux politiques du monde occidental. Rédigée et publiée en français, elle constituait la lecture essentielle pour toute personne qui s'intéressait aux affaires de France et du monde.

La presse n'étant pas libre en France, et le nombre de journaux autorisés étant très limité, un grand nombre de journaux étaient publiés dans les pays limitrophes et étaient avidement lus dans le royaume. A côté de journaux censés venir de l'étranger mais rédigés en imprimés à Paris, comme le Journal de Genève, on lisait en France des gazettes rédigées en Belgique (la Gazette des Pays-Bas), en Allemagne (la Gazette de Deux-Ponts), dans le duché de Bouillon (le Journal Encyclopédique), ou en Hollande comme les gazettes d'Amsterdam et de Leyde.

Le journal connu sous le nom de Gazette de Leyde fut fondé en 1680 par Jean-Alexandre de la Font, sous le titre de  Nouvelles extraordinaires de divers endroits. A la mort du fondateur (1689), le journal fut repris par son fils Antoine, puis, à la mort de ce dernier (1738) par Etienne Luzac qui le dirigea pendant soixante ans et sut lui donner un cachet de vérité et d'exactitude qui lui fit bientôt une réputation européenne, mais qui lui suscita aussi beaucoup d'adversaires.

Etienne Luzac s'associa en 1772 avec son neveu Jean Luzac. Celui-ci, né le 2 août 1746 à Leyde, fils de libraire, était juriste et avocat, professeur de grec,  d'histoire et de belles-lettres à l'université de Leyde ;  il fit de la Gazette de Leyde le journal le plus lu et le plus estimé d'Europe. Lié d'amitié avec les principaux dirigeants de la révolution américaine, il contribua à populariser la lutte pour l'indépendance des colonies de l'Amérique du Nord. Rédigée avec une complète indépendance et longtemps regardée comme le seul journal véridique, la Gazette de Leyde constitue une des sources majeures pour l'histoire de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Bien que libéral et favorable au parti des patriotes pendant la révolution de Hollande, Luzac ne fut pas trouvé assez jacobin par les autorités françaises lors de l'invasion du pays, ni par les nouvelles autorités bataves.

Les  Nouvelles extraordinaires furent supprimées, par un décret de la République batave, le 23 avril 1798. Le journal reparut sous le titre Nouvelles politiques publiées à Leyde (11 octobre 1798-5 octobre 1804), mais son indépendance portant ombrage à la susceptibilité du gouvernement impérial, il encourut de nouvelles interdictions. Reparaissant sous le titre de Journal politique publié à Leyde (23 octobre 1804-29 novembre 1811), il fut  acquis par le roi Louis Bonaparte en 1807 ; le journal perdit de son importance et disparut après l'annexion de la Hollande par la l'Empire Français.

Une nouvelle Gazette de Leyde reparut après la libération de la Hollande en 1814.

Quant à Jean Luzac, il périt à Leyde le 12 janvier 1807, victime de l'explosion accidentelle d'un bateau de poudre.

 
 

 

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Leyde, le vendredi 9 janvier 1789.

Extrait d’une lettre de Paris, du 2 janvier 1789. Aujourd'hui sera publié le résultat du conseil d’Etat du Roi, tenu à Versailles le 27 décembre 1788. (...)
Non seulement les patrouilles ont été doublées,  mais encore les Gardes françaises et suisses en font elles-mêmes jusqu’à deux heures après minuit. En effet, il ne faut rien moins qu’une police aussi attentive et vigilante, pour maintenir dans ce temps désastreux le repos et la tranquillité d’ une ville immense, remplie de gens réduits à la dernière misère par la cessation Non seulement les patrouilles ont été doublées,  mais encore les Gardes françaises et suisses en font elles-mêmes jusqu'à deux heures après minuit. En effet, il ne faut rien moins qu'une police aussi attentive et vigilante, pour maintenir dans ce temps désastreux le repos et la tranquillité d' une ville immense, remplie de gens réduits à la dernière misère par la cessation de tout travail. Il est vrai, que les secours sont fort nombreux, et jamais la charité publique ne s’est exercée d’une manière si étendue, ni avec plus de prévoyance. Grâce aux soins de l’administration, Paris est pourvu de farines, dont la plupart des provinces manquent, faute d’eau, toutes les rivières du royaume, le Rhône même, étant prises de glaces.
La « Gazette de France », de la date de ce jour, observe « que l’histoire ne fournit pas d’exemple d’un hiver aussi long, aussi froid, et aussi constant que celui qu’on éprouve à Paris. Le 24 novembre dernier, la gelée commença à se manifester par un vent d’Est-Nord-Est et par un ciel serein. Depuis ce jour, le froid est allé en augmentant, gelant à toutes les heures du jour et de la nuit jusqu’au 25 décembre, qu’un faux dégel s’était annoncé. Mais la gelée a repris deux jours après, avec la même force qu’auparavant, et ce grand  froid continue. Dès le 26 novembre, la rivière de Seine se trouva gelée en plusieurs endroits : peu de jours après, elle fut prise et continue de l'être : elle l'est plus complètement qu'elle ne l'a été en 1776.

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Les affaires du Nord prennent insensiblement un intérêt, que l'importance des événements, qui se passent sur les deux grands théâtres, la France et l'Angleterre, peut seule faire perdre de vue pour peu de temps. (...) Il est à craindre, encore, que la fin de l'hiver n'y amène une guerre plus générale.

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Extrait d'une lettre de Copenhague du 20 décembre. Un courrier, arrivé ici de Suède, a apporté la nouvelle, que S.M. Suédoise s'était enfin déterminée à convoquer les Etats de son royaume ; que l'ouverture de la Diète avait d'abord été fixée au 19 janvier, mais qu'elle venait d'être différée de huit jours et remise au 26 du même mois. (...) Le but qu'on annonce de sa convocation, c'est de délibérer sur la paix avec la Russie et le Danemarck, ou sur les moyens de faire la guerre avec succès ; mais le parti, contraire au roi, y soupçonne des vues plus étendues.

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Vendredi 16 janvier 1789.

Extrait d'une lettre de Paris du 9 janvier. (...) La noblesse bretonne n'est guère disposée à céder du terrain : lorsqu'il s'agit de ses privilèges, elle est peut-être dans toute la France le corps le plus jaloux de leur conservation ; et l’on ne peut guère s’attendre qu’elle fléchira à cet égard, surtout aussi longtemps qu’elle pourra opposer au Tiers-Etat des villes celui des campagnes et les paysans de ses terres, qui tous lui sont dévoués. C’est la crainte d’une guerre civile entre les habitants des villes et ceux du Plat-pays, bien plus que le désir d’humilier la ville de Quimper, qui a amené ici la députation de 14 membres du parlement de Rennes ; et c’est d’après leurs justes appréhensions, que le gouvernement paraît décidé à faire avancer beaucoup de troupes de ce côté, pour contenir les deux partis. Il faut croire que le danger est pressant, puisqu’il est question d’envoyer 30 régiments.

De Paris, le 9 janvier. Le cardinal de Rohan n’a dû quitter Marmoutier que le 3 de ce mois, pour aller à Rochefort, où sa famille est rassemblée, et de là à Strasbourg. Les seules conditions qui aient été mises à son rappel, c’est qu’il n’approchera point des lieux où sera la cour, et qu’à Strasbourg il ne recevra pas les honneurs, dus d’ailleurs à sa dignité.(…)
On espère que la présente fermentation s’assoupira, du moins jusqu’à ce que la grande question, dont S.M. a laissé la décision à L’Assemblée même des EG, savoir si l’on délibérera par ordre ou par tête, vienne encore échauffer l’esprit de parti et partager les sentiments. Tous les jours il paraît en cette capitale de nouvelles brochures. (...)

Mais le prévôt des Marchands et les échevins, qui constituent le Corps-de-Ville, ont prévenu toute réclamation ultérieure à ce sujet par l’arrêté qu’ils viennent de prendre, où ils établissent eux-mêmes »que toute députation doit être le résultat de la volonté parfaitement libre de ceux qui députent ; et que l’universalité des citoyens peut seule exercer le droit de voter pour les électeurs qui doivent nommer leurs représentants. D’après cette déclaration et la renonciation expresse au droit, que leurs prédécesseurs s’étaient arrogés, de nommer eux seuls les représentants de la capitale aux Etats-Généraux tous les habitants, qui payent plus de 6 ou de 10 livres de capitation, pourront voter pour le choix des électeurs. Chaque quartier choisira ainsi les siens, et ceux-ci, réunis à l’Hôtel-de-Ville, nommeront les représentants de Paris aux Etats-Généraux . Le nombre de ceux-ci, à raison de 4 députés pour chaque cent mille, pourra aller à 24 ou 25 au moins.

Dans une assemblée générale des actionnaires de la Caisse d’Escompte, tenue hier, ils ont voté unanimement de prêter 25 millions au gouvernement à 5 % d’intérêt, remboursable dans quinze mois.

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Leyde, le mardi 20 janvier 1789.

Extrait d’une lettre de Varsovie du 3 janvier. Ce fut avant-hier au soir que le lieutenant-colonel Godlewski arriva ici comme courrier, avec la nouvelle de la prise de la prise de cette forteresse (Oczakow, dans la nuit du 16 au 17 décembre 1788). La perte des Russes est éaluée aujourd'hui à 1.200 hommes tués et 1.600 blessés. L'on a eu la plus grande peine de réprimer la fureur des soldats, irrités de la résistance que les Turcs faisaient encore, déjà après la prise de la place. De là le grand nombre de massacrés, puisqu'en effet le carnage a été terrible ; ou plutôt, ce fut une véritable boucherie. L'on compte que 8.000 Turcs ont perdu ce jour-là la vie. (...)

 

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Leyde, le vendredi 23 janvier 1789.

De Vienne, le 7 janvier. L'Empereur a assisté le dimanche 4 au Te Deum, à l'occasion de la prise d'Oczakow, dont la nouvelle avait été apportée le 2 à l'ambassadeur de Russie par le major Lamsdorff, expédié comme exprès par le prince Potemkin.

Extrait d'une lettre de Rennes du 8 janvier. S. M. a pris la résolution de suspendre la séance des Etats de la province de Bretagne jusqu'au 3 février, pendant lequel temps les députés du Tiers-Etat se retireront dans leurs villes, à l'effet d'y recevoir de nouveaux pouvoirs. Le matin du 8 janvier, la noblesse a unanimement et par acclamation fait serment "de ne jamais prendre part à aucune autre administration que celle déjà établie et qui donnât la moindre atteinte à la constitution." L'Eglise a fait le même serment par la brochure de son président, et ces deux ordres ont déclaré "qu'ils ne se conformeraient point à l'arrêt du conseil. En conséquence ils ont arrêté "de ne pas désemparer de la salle des Etats jusqu'au retour du Tiers, et de faire au Roi des remontrances et supplications sur l'état fâcheux  de la province, ainsi que de lui adresser de vives instances, pour qu'il lui plaise de retirer l'acte du conseil. L'on est d'ailleurs convenu que quelques membres resteraient jour et nuit dans la salle des Etats, comme séance tenante.

(à suivre.

     

 

 

 

     

 

 

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