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Diététique.
Les plantes potagères ne doivent-elles pas entrer en plus
grande proportion dans nos aliments à mesure que nous avançons
dans la saison nouvelle ?
L'hiver prématuré et rigoureux que nous venons d'éprouver
a été surtout remarquable par la disette des végétaux :
les fruits d'automne, comme les poires et les pommes, qui sont d'une
si grande ressource pour les gens de travail n'ont pu, en grande
partie, résister au froid ; non plus que les plantes
potagères, telles que le chou, la chicorée, le céleri,
les carottes, les betteraves, etc. Les tables des habitants de la
capitale se sont ressenties de cette disette, et n'ont point souvent
offert cette agréable et salutaire variété
de mets, pris des végétaux qui doivent toujours être
entremêlés aux viandes. De cette source sont provenues
sans doute en grande partie ces affections bilieuses et souvent
putrides qui continuent de régner dans plusieurs classes
de la société, et surtout parmi celles qui éprouvent
toujours directement les effets pernicieux de toute sorte de disette.
Les gens riches seules ont eu la ressource de leurs serres chaudes,
de leurs châssis, de leurs caves, et ils ont joui par là
durant l'hiver le plus rigoureux de tous les avantages d'une nourriture
végétale si propre à corriger les mauvais effets
des mets trop substantiels et de leurs viandes alkalescentes. Il
leur importe en tout temps d'observer ce point essentiel de leur
régime, à cause de leur inaction habituelle.
C'est d'un accord unanime que tous les médecins qui ont écrit
sur l'hygiène ont recommandé, à l'approche
du printemps, une vie frugale ou même abstinente, et l'usage
d'une plus grande proportion de végétaux. Soit en
effet que les rigueurs du froid, en diminuant la transpiration,
aient rendu nos humeurs impures, soit qu'une longue inaction ou
la privation d'une nourriture saine les ait encore altérés,
soit enfin qu'à cette période de l'année notre
corps éprouve une révolution profonde, il importe
en général d'être beaucoup plus modéré
que dans tout autre temps sur l'usage de la viande ; et les
préceptes de la médecine, comme le remarque Lomnius,
sont d'accord sur ce point avec ceux du culte. C'est dans cette
vue qu'il est très utile de faire entrer de plus en plus
l'oseille, le cerfeuil, les carottes dans le potage, de manger des
salades de mâche, de céleri, de betteraves, en rendant
l'huile miscible au vinaigre à l'aide du jaune d’œuf durci ;
d'y joindre des plats de céleri ou d'épinards diversement
préparés, ainsi que du salsifis, des cardes, poirées
etc. ; enfin au dessert, des pruneaux, des compotes de pommes
ou de poires, différentes confitures. C'est ainsi qu'on peut
plus ou moins se rapprocher du régime pythagorique, dont
les anciens ont tant vanté l'excellence, et sur lequel un
médecin philosophe (Cocchi) a composé une dissertation
digne d'éloges.
Extrait de la Gazette de Santé. |
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