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Cinabre, nom d’une substance minérale solide,
très fragile, communément à cassure conchoïde.
Vue en masse, elle est d'un violet plus ou moins sombre; mais la
pulvérisation fait passer cette substance à un rouge
très vif elle prend alors le nom de vermillon.
Le cinabre a été fort connu des anciens, et leurs
femmes l'avaient adopté comme un des principaux ingrédients
de leur toilette: elles s'en peignaient les lèvres. Les plus
anciens triomphateurs s'en barbouillaient tout le corps à
leur entrée dans Rome.
Le cinabre est un deuto-sulfure de mercure (combinaison à
deux degrés du soufre avec ce métal). On le rencontre
quelquefois en masses assez puissantes dans la nature, principalement
les variétés granularia et compacta, qui accompagnent
presque constamment le mercure natif. Les principaux gisements connus
de cinabre sont en Europe ceux d'Almaden d'Espagne, d'Idria dans
le Frioul, et du Palatinat sur les bords du Rhin. Au rapport des
missionnaires, il y en a aussi de fort nombreux à la Chine,
et c'est de cette contrée que nous était apporté
de temps immémorial le cinabre naturel le plus pur, tant
en masses, que pulvérisé sous le nom de vermillon
de la Chine. La nature des roches dans lesquelles on trouve le cinabre
les rapproche plus on moins des grès houilliers, des schistes
bitumineux, renfermant des débris organisés, qui presque
toujours communiquent une odeur fétide au cinabre, d'où
lui était venu son nom, suivant les étymologistes,
qui tirent le mot latin cinabarium du grec kînnabari,
mauvaise odeur.
Tout ce qui vient d'être dit ne se rattache qu'au cinabre
naturel, rarement assez pur en Europe pour fournir le vermillon.
Cette superbe et riche couleur est chez les Européens un
produit de l'art, et c'est la Hollande qui jusqu'ici est restée
presque exclusivement en possession de cette lucrative et importante
industrie.
Lors de l'invasion de la Hollande par les armées de la république,
le comité de salut public donna des instructions à
nos agents pour la recherche du procédé hollandais.
Des renseignements en apparence très exacts ont été
obtenus et publiés en France sur cette fabrication, qui cependant
n'a pu encore s’y naturaliser. Le procédé hollandais
est la combinaison du soufre avec le mercure par la voie sèche
et par une suite de manipulations curieuses qu'il nous est impossible
de décrire. Le comte de Moussine-Pouschkine a tenté
cette combinaison par la voie humide, et d'une manière beaucoup
plus économique, qu'il a préconisée; et tout
récemment M. Jaquelin, préparateur du cours de chimie
à l'école centrale des arts et manufactures, a publié
qu'il avait trouvé un mode d'opérer par la voie humide
de la manière la plus simple, la plus facile et la plus avantageuse.
Nous verrons bien.
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