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Chevaux

     

 

Dictionnaire de la Conversation et de la lecture, Tome XIV, Paris 1834.

   
 

(...) La plupart des anciennes espèces de chevaux existant en France ont été détruites par les désordres intérieurs et par les guerres qui ont marqué les dernières années du dernier siècle. Quand vint l’Empire, la production chevaline se trouvait réduite pour ainsi dire aux animaux d’espèces inférieures. Napoléon voulut régénérer nos races ; l’expédition d’Egypte avait mis en ses mains un assez grand nombre d’étalons orientaux ; il créa un système de haras qui eut pour base de production le sang arabe. Ce sang, employé comme agent d’amélioration, domina jusqu’en 1814 ; mais, à cette époque, l’ouverture de nos ports, la reprise de relations suivies avec la Grande-Bretagne, donnèrent entrée en France aux étalons anglais. Ces producteurs nouveaux ne tardèrent pas à obtenir chez les éleveurs du Nord, de l’Ouest et de l’Est une préférence marquée sur les étalons arabes. L’action de ces derniers s’est cependant maintenue, surtout dans le Midi ; mais telle est aujourd'hui leur infériorité numérique que l’on peut, sans craindre de trop hasarder, diviser en deux époques bien distinctes l’amélioration qui a tiré nos différentes espèces chevalines de l’état d’abâtardissement où elles étaient tombées à la suite des premières guerres de la révolution : empire, sang arabe ; restauration, sang anglais.
(...)

L’expérience a cependant démontré que nos produits indigènes l’emportaient en force et en durée sur ces rebuts de la cavalerie allemande que les fournisseurs en titre de la guerre font chercher au-delà du Rhin. Les preuves de cette supériorité ne manquent pas. Ainsi, le petit nombre de chevaux qui, dans la campagne de Russie, survécurent à toutes les chances de destruction dont furent accablés, pendant la retraite, les animaux comme les hommes, appartenaient tous aux espèces françaises, et surtout à celles de la Normandie.
La campagne d’Espagne, en 1823, en est un autre exemple. A cette époque, une grande quantité de chevaux de remonte amenés d’Allemagne à Lunéville et à Saint-Avold recrutèrent la cavalerie. Malgré le peu de fatigue qu’ils eurent à supporter, presque tous périrent en Espagne. D’autres remontes furent également faites alors en Normandie, mais tellement à la hâte et avec si peu de choix, que l’armée ne reçut absolument que le rebut des foires et des marchés. Cependant ces chevaux, achetés sans soins et sans discernement, résistèrent presque tous au climat brûlant de la Péninsule. Cette différence de durée s’explique par quelques qualités essentielles qui manquent souvent aux chevaux étrangers et que l’on trouve au plus haut degré dans les chevaux d’espèce française. Ces qualités consistent dans la facilité avec laquelle l’estomac de nos chevaux, des chevaux normands et bretons surtout, s’habitue à toutes les nourritures, et dans l’aptitude singulière de leur tempérament à se faire à tous les changements de température et de climat. Les étrangers sont meilleurs appréciateurs que nous du mérite de nos espèces indigènes. Ainsi, depuis de longues années, tandis que nos propriétaires font venir à grands frais des pays étrangers certaines espèces de producteurs, les éleveurs de ces mêmes contrées viennent acheter en France, mais en Normandie surtout, des éléments de production dont ils nous revendent ensuite la descendance aux prix les plus élevés. (...)
(Achille de Vaulabelle.)

     

 

 

 

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