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L’Esprit
des journaux français et étrangers, ouvrage
périodique et littéraire. Juillet 1772 - avril 1818,
487 vol. in-12, y compris 7 vol. de tables.
Bien que l'origine de cette feuille soit antérieure à
celle des derniers journaux que je viens d'enregistrer, je l'ai
réservée pour cette place à cause de son caractère
particulier. Nous avons déjà rencontré plusieurs
journaux reproducteurs ; mais celui-ci les dépasse infiniment
en valeur autant qu'en proportions. C'est un des recueils littéraires
et historiques les plus importants. « C'était,
dit M. SainteBeuve, une espèce de journal (soit dit sans
injure) voleur et compilateur, qui prenait leurs bons articles aux
divers journaux français, qui en traduisait à son
tour des journaux anglais et allemands, et qui en donnait aussi
quelques-uns de son cru, de sa rédaction propre. Voilà,
ajoute l'éminent critique, un assez bel idéal
de plan, ce semble. L’Esprit des journaux le remplissait très
bien. Que n'y ai-je pas retrouvé, dans le petit nombre d’années
que j'en ai parcourues!.... Je ne revenais pas de ce que j'y surprenais,
à chaque pas, d'intéressant, d’imprévu, de
neuf et de vieux à la fois, d'inventé par nous-mêmes
hier... » Ajoutons que les nombreuses matières
qu'il embrasse y sont classées dans un ordre méthodique.
Les principaux rédacteurs ont été : l'abbé
Coster, bibliothécaire de l'évêque de Liège,
jusqu'en 1775 ; de 1775 à 1793, de Lignac, médecin
; l'abbé Outin, génovéfain; Millon et autres;
de 1783 à la fin, Rozin, Weissenbruch, Mellinet et autres.
L'Esprit des journaux fut créé à Liège,
en juillet 1772, sous les auspices et avec privilège du prince
de Velbruck, à qui l'abbé Coster dédia les
premières livraisons. Il en devait paraître un volume
de 400 à 450 pages par mois – qu'on vendait 50 sous aux personnes
non abonnées : le prix de la souscription était de
27 liv. pour Paris et 33 pour la province ; – mais cette promesse
n'a pas été rigoureusement tenue. Quelques années
n'ont produit que 6 vol., ou même moins. Il y eut même
plusieurs interruptions ; ainsi il n'a rien été publié
pendant les années 1815 et 1816. Ses vicissitudes, d'ailleurs,
furent nombreuses. Au mois de mai 1773, le libraire Tutot, qui en
était propriétaire, en transporta l'impression à
Bruxelles, où il possédait un second établissement
typographique. Le prince Charles de Lorraine accorda une protection
toute spéciale à L’Esprit des journaux, et
en 1775 l’archiduchesse Marie-Christine en accepta la dédicace.
Tutot le ramena à Liège en 1776. En 1782 il se publiait
à Paris, chez Valade, avec privilège de Louis XVI.
En janvier 1793, il reparut a Liège pour la troisième
fois. L'imprimeur ayant essuyé des revers de fortune, la
propriété en fut vendue par ses créanciers
au libraire Emmanuel Flon, de Bruxelles, qui, en 1803, la céda
à Weissenbruch. On dit qu'il ne comptait plus alors que 47
abonnés payants. Grâce aux soins éclairés
de son nouveau propriétaire, il se releva sous le titre de
Nouvel Esprit des journaux ; mais l'impression en fut arrêtée
en 1815 et 1816, par suite des événements politiques,
qui interrompirent les relations des collaborateurs et de l'éditeur.
Il reparut en avril 1817, pour mourir un an après, sous le
titre d'Esprit des journaux nationaux et étrangers, journal
encyclopédique, par une société de littérateurs
et de savants. Les collections complètes et en bon état
de l’Esprit des journaux sont de la plus grande rareté.
Elles doivent se composer de 487 volumes – et non de 495, comme
le dit par erreur M. Brunei après Deschiens – publiés
ainsi qu'il suit :
1772, juillet-décembre.
2
vol.
1773-1774, 4 vol. par an.
8
1775-1794, 12 d°.
240
1795-1797, 6 d°.
18
1798-1802, 12 d°.
60
1803, janvier-mars, sept.-décembre.
7
1804 1814, 12 vol. par an.
132
1817, avril-décembre.
9
1818, janv.-avril.
4
Table des matières de 1772 à 1784,
rédigée par l'abbé Lambinet. Liège,
1784 :
4
Table des matières de 1807 à 1811, par
Weissenbruch. Bruxelles, 1804, 1809, 1812.
3
487
vol.
Malgré
leur rareté, les quelques collections de l'Esprit des
journaux passées dans les ventes ont pour ainsi dire
été données. C'est qu'il n'est pas facile,
par les appartements qui courent, de loger 487 volumes. L'exemplaire
Renouard, complet, a été adjugé à 70
fr.; mais l'exemplaire Barbier, incomplet de 24 volumes, a été
payé 100 fr.
L'Esprit des journaux eut dans l'origine un supplément,
ou du moins son éditeur, J. Tutot, créa en février
1773 un Indicateur, qu'il donnait comme tel, et qui rendait
compte des publications récentes, des inventions, etc., en
un mot traitait de tout, excepté de politique.
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