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Desgrouais.
Un service essentiel qu'on pourrait rendre aux provinciaux, ce serait
de composer un livre, où l'on ramasserait toutes les mauvaises
expressions, les tours vicieux, les phrases singulières qu'on
se permet dans les différentes provinces de France. C'est
ce qu'a exécuté pour les contrées méridionales
du royaume, Desgrouais, professeur au Collège Royal de Toulouse,
dans ses Gasconismes corrigés ; ouvrage utile à toutes
les personnes qui veulent parler et écrire correctement ,
et principalement aux jeunes gens, dont l'éducation n'est
point encore formée ; à Toulouse, in-8°., 1766.
L'auteur de ce bon livre ne se propose pas de composer une grammaire,
ni d'enseigner aux Gascons les beautés de la langue française
: il travaille moins à leur apprendre à bien parler,
qu'à ne pas parler mal. Un miroir ne dit pas quels ajustements
il faut prendre pour plaire ; mais il avertit de ce qu'il faut ôter
pour ne déplaire pas. L'auteur veut seulement rendre les
Gascons attentifs à des gasconismes qui ne leur sont que
trop familiers, et dont il est important qu'ils se corrigent, s'ils
veulent éviter ces petites humiliations, auxquelles les personnes
qui parlent mal sont exposées , surtout à Paris, où
ces expressions impropres ne manquent pas de donner lieu à
des railleries dont il est toujours désagréable d'être
l'objet. Pour que ces remarques soient moins sèches, Desgrouais
y a mêlé quelques anecdotes plaisantes ; et l'on trouve
quelquefois , dans la même page , l'exemple d'un gasconisme
et d'une gasconnade
Desgrouais est mort en 1766 , âgé de 63 ans ; c'était
un excellent humaniste.
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