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Le costume des Albanais ou Arnaoutes est à peu près
celui des insulaires de la Grèce: la tête rasée
autour du front, des tempes et de la nuque, ne laissant qu'un large
disque de cheveux longs qui retombent par derrière et qui
sont couverts, à leur sommet, par un petit fez, couleur pourpre,
avec broderies en petits galons et une houppe en or ou en soie;
des guêtres en velours écarlate ou bleu de ciel, également
galonnées et montant à la naissance du genou. Le pied
est renfermé dans une chaussure semblable à celle
des montagnards espagnols, mais plus élégamment tressée
et s'adaptant au bas de la jambe comme le cothurne romain. Une chemise
de forte toile blanche ou plutôt une tunique recouvre un caleçon
et tombe comme une large jupe au dessous des genoux; par-dessus
cette tunique, une veste courte et ronde, en velours de même
couleur que celui , des guêtre, avec tresse en or, serre et
dessine la taille; ses manches, ouvertes jusqu'au coude, se rattachent
par une multitude de petits boutons de métal brillant et
sont garnies de tresses d'or, des poignets aux coudes. Une longue
ceinture en soie ou laine de couleur éclatante, avec coulants
en or, s'enroule autour des reins par-dessus la tunique; cette ceinture
soutient deux longs pistolets dont le canon et la crosse sont recouverts
par une garniture en argent. Le chef se distingue particulièrement
par deux rangées de boutons d'argent, de la grosseur d'un
œuf de dinde, qui sont montés sur une étroite bande
de maroquin, laquelle passe par dessus le cou et retombe en double
par-devant jusqu'à la ceinture; ces boutons sont creux et
s'ouvrent comme autant de cassolettes. Un long fusil albanais et
un sabre recourbé complètent l'armement. La pièce
la plus importante et la plus utile de ce costume est un gros et
pesant caban, tissu en poil de chèvre, imperméable
à la pluie; il se porte sur l'épaule gauche et c'est
une honte que de le perdre ou de l'abandonner dans un combat. Au
bivouac, il met son homme à l'abri du froid, de la neige
et de la pluie; chaque soldat rassemble et forme un tas d'épines
ou de fagots; il se place par-dessus et s'accroupit sous son caban
comme sous une tente de feutre; l'eau peut tomber à torrents,
elle coule sous les fagots sans atteindre l'homme. » |
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