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Folie
:
Ceux qui ont étudié le caractère anglais ont remarqué, il y a longtemps,
que la folie était plus commune chez ce peuple que dans aucun autre
pays connu. Cette maladie est vraisemblablement la suite d'une certaine
disposition à la mélancolie qui est assez générale en Angleterre,
et qui dépend d'un concours de causes morales et physiques, que
ce n'est pas le lieu de rechercher. Les papiers publics annoncent fréquemment des actes de démence.
Le fait suivant en est un exemple déplorable. Un portier de l'hôpital
de Saint-Georges, nommé Barlowe, fut réveillé, dans la nuit du 24
par les cris de sa femme : J'ai
tué mon fils ! oh ! mon cher enfant ! Le mari se lève, court
au berceau de son enfant, qui n'avait que onze mois, et le trouve
baigné dans son sang. Sa malheureuse mère, dans un accès de démence,
l'avait égorgé et tellement mutilé, que la tête était presque séparée
du corps. Il a été reconnu que cette femme avait souvent donné des
preuves d'aliénation. Le coroner étant venu
pour constater le délit, le jury a prononcé une déclaration
de démence. (Le Publiciste, 17 prairial an 8.)
Pauvres
:
État
des pauvres, ou Histoire des classes travaillantes de la société
en Angleterre, depuis la conquête, jusqu'à l'époque actuelle. Extrait
de l'ouvrage publié en Anglais par sir Morton-Eden ; par la Rochefoucault-Liancourt.
(...)
La classe des pauvres a toujours été très nombreuse dans la Grande-Bretagne.
En 1700, on en comptait, dans la seule Angleterre, treize cent mille,
dont la moitié était en état de travailler ; ce nombre s'est accru
depuis, et aujourd'hui on l'évalue à quatorze cent mille ; ce qui,
sur une population de sept millions d'âmes, fait 200 mille pauvres
sur un million d'habitants, ou le 5e de la population. L'Écosse
n'en a que 18 mille sur un million.
La
paresse de la classe ouvrière anglaise date des temps les plus reculés.
Dès le 14eme siècle, des lois sévères furent rendues pour la forcer
au travail. Les peines étaient la prison, la marque au fer chaud,
le fouet jusqu'au sang, et la mort. Ces lois furent pendant un temps
exécutés avec rigueur, mais sans succès, et sous le règne de Henri
VIII, où 60 mille individus furent détenus pour dettes, et 72 mille
grands et petits criminels furent mis à mort, le nombre des pauvres
ne fit qu'augmenter. Ces moyens de rigueur étant impuissants, on
y suppléa par une taxe forcée qui fut imposée sur les propriétaires.
(...)
Les
causes de cette progression de la mendicité sont ; 1° l'état de
l'agriculture qui, ayant trouvé un grand avantage dans la culture
des prairies, tient moins de terres en labour et occupe moins de
bras. 2° La multiplication des jennies ou machines à filer le coton, qui, diminuant la main d'oeuvre,
laissent une multitude de bras sans travail. 3° Le peu de proportion
qui existe entre le prix du travail et celui des denrées. 4° La
défaut d'économie et de tempérance dans la boisson, laquelle, dit
l'auteur anglais, n'est pas
une vertu anglaise. Dans tout le midi de l'Angleterre il faut
à chaque ouvrier ou paysan un pot de bière par jour ; dans un seul
village de 1671 âmes, on boit annuellement dans les cabarets pour
près de 100 mille livres tournois. 5° Le manque d'ardeur pour le
travail dans la classe ouvrière, parce qu'elle trouve dans le produit
de la taxe un moyen assuré de ne pas sentir l'aiguillon du besoin.
Mais
la plus puissante des causes est dans les vices de la législation
anglaise sur les pauvres. Celle-ci repose sur la loi de 1572, qui
ordonne que chaque paroisse lève des taxes pour subvenir aux besoins
de ses pauvres. Ce premier pas fait en a amené un autre. Il a fallu
empêcher que le produit de cette taxe ne servît à nourrir les indigents
d'une autre paroisse, car celle-ci doit aussi nourrir les siens.
Delà, la loi sur les domiciles, qui, pour parvenir à cette vue de
justice, attaque essentiellement la liberté civile, entrave l'industrie,
en défendant à chacun de quitter sa paroisse, et d'aller chercher
dans une autre le travail dont il manque. De-là, l'ouvrier oisif
demeure, ainsi que sa famille, à la charge de sa paroisse ; de-là,
plusieurs désertent un pays qui ne peut les nourrir, et abandonnent
à la charité publique leurs et leurs enfants, bien assurés qu'ils
seront nourris et entretenus ; de-là cette émigration annuelle qui
dépeuple l'Angleterre, et dont la diminution progressive de la taxe
des fenêtres est une preuve sensible. (Journal de Paris, 13 germinal
an 8.)
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Suicides
: Nouvelles concernant les Sciences, les Lettres et les
Arts. - Un journaliste anglais, en citant trois suicides récents,
remarque que ce genre de folie se manifeste périodiquement
en Angleterre dans cette saison. L’âme d’un Anglais, dit-il,
naturellement triste et mélancolique, se rembrunit encore
avec le ciel de l’équinoxe, et le plus souvent à cette
époque il se hâte de quitter la vie que n’embellit
plus la nature. (Journal de Paris, 4 vendémiaire an 10.)
Cabinets
de Lecture : - Le nombre des cabinets de lecture dans la
Grande-Bretagne s’élève à plus de mille ; le
premier n’a été établi qu’en 1740, par le libraire
Wright. (Journal de Paris, 17 vendémiaire an 10.)
Paris, 18 vendémiaire.
Le nombre des cabinets de lecture dans la Grande-Bretagne s’élève
à plus de mille ; le premier n’a été établi
qu’en 1740, par le libraire Wright. Ce grand nombre de cabinets
de lecture prouve quel est l’esprit public dans ce pays où
l’on rougirait d’être, comme on l’est ailleurs, indifférent
sur tout ce qui a rapport aux intérêts de l’Etat. Nous
connaissons des hommes en France qui semblaient quelquefois arriver
de la Chine tant ils sont étrangers à tout ce qui
se passe autour d’eux. Que m’importe ? disent-ils froidement sur
les affaires les plus importantes. Espérez donc que des êtres
pareils aimeront et serviront jamais la liberté ! Quel vil
troupeau ! (Le Citoyen français du 19 vendémiaire.)
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