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Annales de statistique
ou Journal général d'économie politique, industrielle
et commerciale, de géographie, d'histoire naturelle, d'agriculture,
de physique, d'hygiène et de littérature. Tome premier,
Paris, an X - 1802. |
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Département
de la Dyle
Santé publique.
Il s'est manifesté dans ce département une maladie
épidémique, dont les premiers symptômes ont
paru en vendémiaire, et dont les ravages ont eu lieu dans
le mois suivant.
C'est particulièrement à la classe indigente que son
invasion a été plus funeste ; mais, en général,
cette maladie n'a pris un caractère mortel que dans les prisons
et dans les hospices, en s'y compliquant avec d'autres germes morbifiques.
Avertie des progrès du mal par le nombre des morts (lequel
s'est élevé dans la prison de Vilvorde, jusqu'à
44 dans le cours du mois de frimaire), l'administration crut devoir
s'entourer des lumières des gens de l'art, pour connaître,
avec la nature de cette maladie, celui des remèdes généraux
qu'il convenait de lui opposer. Il est résulté des
renseignements que j'ai recueillis à ce sujet, que cette
épidémie est une fièvre putride, sur le genre
et le traitement de laquelle les médecins s'accordent, sans
s'accorder néanmoins sur la dénomination qu'ils lui
donnent. Cette fièvre, soit qu'on l'appelle nerveuse, catarrhale,
bilieuse, mésentérique ou gastrique, est devenue depuis
1791, où ses premiers effets ont été observés
dans ce pays, une endémie très-meurtrière :
on emploie contre elle les mélanges camphrés, les
cordiaux , le quinquina et les vésicatoires.
Dans la maison de détention de Vilvorde, où les progrès
du mal étaient plus effrayants que partout ailleurs, j'ai
prescrit l'usage du moyen proposé par le cit. Guyton-Morvaux
pour désinfecter l'air, et j'ai lieu de croire qu'il y a
été employé avec succès.
Les premiers froids qui ont succédé aux longues pluies
de brumaire et de frimaire, ont arrêté la contagion,
ou du moins ont rendu ses effets moins prompts et bien moins dangereux.
Le docteur Berchel, très-habile médecin de Nivelles,
croit avoir trouvé une des causes premières de cette
épidémie, dans la mauvaise qualité du seigle
de la dernière récolte, qu'on n'a jamais vu mélangé
d'une aussi grande quantité d'ergots. Cette détérioration
du seigle, aliment habituel de la classe indigente, altère,
suivant ce médecin, la masse générale des liquides
qui circulent dans le corps humain, d'où résulte le
germe et le développement de cette maladie.
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prison de Vilvorde
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