Normandie

Voyage d’étude en Normandie
65e anniversaire du débarquement en Normandie, le 30 mai et 1er juin 2009

Christine Van Everbroeck

Pendant 3 jours, vivifiés par le soleil et un vent vigoureux, une trentaine de membres de la SRAMA, sous la houlette aussi savante que détendue de Paul Van Ruychevelt, ont sillonné les plages et l’arrière-pays normand sur la trace des troupes alliées débarquées en juin 1944.

Partis de notre camp de base, l’excellent Campanile de Caen (Mondeville), nous avons évoqué les parachutages de la nuit du 5 au 6 juin 1944 au Pegasus Bridge.

 
Le vieux pont a été remplacé par un exemplaire moderne à l’identique et a été déposé dans une prairie, près d’une réplique d’un planeur Horsa et aux portes d’un tout nouveau musée. Après un petit film d’introduction célébrant le courage de tous ces hommes qui ont réussi le pari risqué de prendre et conserver intacts les deux ponts sur l’Orne et son canal, les vitrines proposant des documents officiels, de nombreuses photos, des souvenirs et uniformes personnels déclinent différents thèmes : les préparatifs, les planeurs, les tactiques et les armes, le service de santé, l’intendance qui suit l’établissement des têtes de pont, etc. Le temps nous a malheureusement manqué pour pouvoir tout à notre aise nous plonger dans les souvenirs émouvants de ces combats cruciaux. Délaissant le pont mobile, le premier café libéré, bourré de souvenirs, et les voiliers qui naviguent sereinement sur le canal, nous avons gravi les cinq étages du bunker allemand de Ouistreham. Du sommet de cette forteresse de béton camouflée en villa, les Allemands surveillaient la côte et dirigeaient les tirs des batteries environnantes. Hommes, matériel de communication et télémètre, munitions, provisions, chambres de repos et espaces de travail se partagent les salles étroites, sans fenêtres, dans une oppressante promiscuité.

Hommage de la S.R.A.M.A. au premier tué de la brigade Piron :
Edouard Gérard, tombé à Sallenelles le 16 août 1944
et enterré au cimetière de Ranville

Après une bonne nuit réparatrice, nous avons entamé une nouvelle journée passionnante en visitant le mémorial canadien de Juno Beach, salués par le lever des couleurs belges. Etincelant sous le soleil, face à la plage infinie désormais débarrassée de ses obstacles, le bâtiment en forme de feuille d’érable évoque l’histoire du Canada et ses luttes politiques, économiques et sociales, depuis la Première Guerre mondiale jusqu’à la fin du second conflit. Photos, panneaux didactiques, extraits de discours habilement diffusés par d’anciens postes radio, objets personnels, parcours pour enfants brossent de manière vivante une fresque d’une histoire mal connue en Europe. Sur la plage, des jeunes étudiants canadiens rappellent quelques phases du débarquement de leurs compatriotes. A Arromanche, la marée basse et la vue étendue depuis le sommet de la falaise nous ont permis de bien retrouver le plan du port artificiel dont Paul nous avait montré des reproductions de photos d’époque.

Après un repas de midi léger mais revigorant, nous sommes allés rendre hommage aux Américains enterrés au cimetière de Colleville. Etendu en léger surplomb au-dessus de la plage d’Omaha, bercé par le ressac et le cri des mouettes, le cimetière déploie ses innombrables croix blanches sous la frondaison des arbres et au pied de l’homme-torche au corps tendu et dressé comme la flamme de la liberté. La foule bruyante et les préparatifs pour les cérémonies de la semaine suivante ont malheureusement ôté une grande partie de sa sérénité au cimetière.

Reprenant notre bus alors que les flots de voitures continuent à envahir les parkings et les prairies avoisinantes, nous avons marqué un nouvel arrêt à la pointe du Hoc. La pointe âprement et chèrement conquise par les Rangers semble paisible et inoffensive sous le clair soleil de mai, en dépit des bunkers éventrés et des trous d’obus gazonnés désormais sillonnés par la foule des touristes.

Notre dernière étape a été Ste Mère-Eglise, son église, son parachutiste, ses vitraux historiés, sa première borne de la liberté et ses groupes de reconstitution en goguette. Nous avons terminé la journée par la visite de deux statues, trop souvent ignorées, rendant hommage aux parachutistes et à leur courage.

De retour à notre Campanile, nous avons bien mérité notre repas du soir !

Notre dernier jour a débuté (presque) à l’aube sur les traces de la brigade Piron. A Ranville nous avons rendu hommage et déposé des fleurs sur la tombe d’Edouard Gérard, premier soldat de la brigade tombé sur le sol normand et enterré dans un cimetière britannique. A Sallenelles, nous avons retrouvé sa trace grâce à une plaque qui indique l’endroit où, pris en enfilade dans la rue étroite, il est tombé, mortellement blessé.

Notre dernier arrêt fut pour la batterie de Merville. Installée à deux kilomètres en retrait de la côte, cette batterie composée d’une dizaine de blockhaus et de quatre redoutables casemates, habilement restaurés, constituent une menace pour Sword Beach. Bien qu’en effectif réduit en raison d’erreurs de largage, une bonne centaine de parachutistes réussissent néanmoins à neutraliser le site au prix de lourdes pertes. Un son et lumière assourdissant et suffocant permet d’avoir une petite idée de la violence des bombardements et des combats.

Après la pause déjeuner à Cabourg, nous sommes revenus sans encombre à Bruxelles, épuisés mais ravis par ce voyage de découverte concocté, réalisé, guidé et animé par Paul Van Ruychevelt.