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Dernière modification: 24/11/2002

Falsification des Vins.

 

De toutes les substances, celle qui serait la plus propre à faire disparaître l’aigreur des vins sans en altérer la couleur, qui même s’oppose à la fermentation et à la putréfaction, est la chaux de plomb dissoute par le vinaigre ; mais toutes les préparations du plomb étant des poisons cruels qui occasionnent les coliques les plus terribles, un marchand quelconque qui serait capable, conduit par l’appât du gain, de rétablir ainsi des vins qui tourneraient à l’aigre, mériterait d’être puni avec la plus grande sévérité, et traité comme empoisonneur public. Du vin même qui aurait resté trop longtemps sur les tables revêtues de plomb des marchands de vin, et qui aurait pu en dissoudre, serait dangereux et pourrait occasionner des coliques cruelles.

Les marchands de vin en détail sont dans l’usage de revêtir leurs comptoirs d’une lame de plomb. La surface de ces comptoirs ne reste pas longtemps unie ; les brocs, les pintes y ont bientôt formé des inégalités, des cavités dans lesquelles le vin séjourne assez de temps pour s’y saturer de la dissolution de ce métal. De là, il est conduit et reçu, par un canal de plomb, dans un tonneau qu’on vide le soir. La preuve de l’effet du plomb sur ce vin, c’est que d’acide et vert, il devient doux et sucré. Il est donc évident que ce funeste usage des marchands de vins doit être proscrit comme dangereux et frauduleux ; dangereux, parce que le vin est, pour ainsi dire, lithargirisé ; frauduleux, parce qu’il introduit une sorte de sophistication.

 

On entend par vin frelaté, du vin altéré par quelque mélange, et vin lithargirisé, celui dans lequel on a mis de la litharge ou oxyde de plomb pour l’adoucir. On reconnaît facilement cette dangereuse falsification en versant dans un verre de ce vin un peu de sulfure alcalin, c’est-à-dire un mélange liquide de soufre et d’alcali. Si le précipité qui se forme est blanchâtre, c’est une preuve que le vin ne contient pas de litharge ; si au contraire le précipité est sombre, brun ou noirâtre, c’est une preuve que ce vin a été adouci avec de la litharge. (...)

Les falsifications vraiment dangereuses sont celles qui se font avec des matières nuisibles, comme la litharge, la céruse ou le blanc de plomb ; toutes ces préparations, en saturant l’acide des liqueurs vineuses, leur communiquent une douceur qui invite à en boire, et accumulent dans les entrailles un poison funeste. Quelques auteurs ont proposé, pour faire cette découverte, l’acide vitriolique, la liqueur d’orpiment, et enfin, la réduction du plomb. Je pense, dit M. Bucquet, que le seul moyen qui soit certain est le dernier, le seul d’après lequel on puisse prononcer la condamnation du marchand, et alarmer l’acheteur.

(Dictionnaire de l’Industrie, Paris, An IX, Tome 6.)

 

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