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| Dernière modification: 04/12/2002
La
soupe du soldat. La
soupe était le principal aliment du soldat français. Au point que le mot désignait
tout repas d’homme de troupe. D’après
le Dictionnaire de l’Académie (1798), on disait
proverbialement que La soupe fait
le soldat, “pour dire, que le soldat nourri simplement, mais abondamment,
est plus propre aux fatigues du métier”. En
quoi consistait la soupe du soldat ? Viande (bœuf de préférence, mais à
la guerre comme à la guerre), légumes de saison, (oignons, choux, navets,
poireaux...), sel (à défaut, les soldats mettaient de la poudre), et eau. Voici
ce qu’on trouve dans le Manuel d’Infanterie
(1808) sur la préparation de la soupe : “L’eau
que l’on met dans la marmite doit se mesurer à raison d’un litre [une
pinte] par chaque quart de kilogramme [demi-livre] de viande : on la fait
bouillir à grand feu pour l’écumer promptement ; on modère ensuite l’ébullition,
et on met huit grammes [2 gros] de sel par litre d’eau ; on y ajoute les légumes
de la saison, une ou deux heures avant de retirer la viande ; quand elle a
bouilli cinq ou six heures, et que le bouillon est réduit d’un cinquième, on
trempe le pain, laissant la marmite sur le feu jusqu’à la dernière gamelle,
afin que le bouillon ne perde pas de sa chaleur. Si
on reçoit au camp l’ordre de partir avant qu’on ait eu le temps de faire la
soupe, le soldat, afin de ne point perdre sa viande et d’empêcher qu’elle
ne se gâte, doit la faire cuire à moitié ou, s’il n’en a pas le temps, la
boucaner, c’est-à-dire l’exposer à une fumée épaisse. (p119) Cuisson
des légumes. Le choix de l’eau dans laquelle on fait cuire les légumes, est
essentiel. Il faut, autant que possible, ne faire usage que d’eau courante, la
choisir limpide, dissolvant le savon, inodore ; préférer celle de rivière et
de pluie à l’eau de source et d’étang, et ne point employer celle de puits
ou celle qui aurait séjourné sur des terres calcaires. Lorsqu’en campagne il
se fait des distributions de légumes secs, et qu’ils cuisent mal, gonflent
peu, restent durs, il faut communément en attribuer la cause à la qualité de
l’eau dont on se sert ; si elle est séléniteuse, c’est-à-dire, chargée
de sulfate de chaux en dissolution, on ne pourra réussir à cette cuisson.” Comment
on mange la soupe. La
soupe, dans les casernes et au bivouac, obéit à un rituel que les
reconstitueurs se devraient de connaître. Le voici tel qu’il est relaté par
Mayer, du 35e de ligne : “Les
grenadiers me firent l’honneur de manger la soupe avec eux et me montrèrent
la manière honnête à observer. On est debout, autour de la gamelle qui est
ordinairement de 8 hommes, on prend à tour une cuiller de soupe en faisant un
pas en avant et ensuite un pas en arrière et le haut du corps en avant, pour ne
pas salir les vêtements. Je remerciai les braves de la faveur qu’ils
m’avaient faite.” (Mayer, Mémoires d’un soldat, p. 256)
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