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Dernière modification: 24/11/2002 Galvanisme Un
observateur italien (Galvani, professeur de médecine à Bologne), a soulevé le
voile qui dérobe à nos yeux les merveilles de la nature, et a publié en 1796
un phénomène qui paraît tenir aux éléments invisibles et encore peu connus.
Galvani disséquait une grenouille, tandis que quelqu’un occupé, dans la même
chambre, d’expériences électriques, tirait des étincelles du conducteur.
Les muscles, mis à nu, donnaient des signes sensibles de mouvement, toutes les
fois que les nerfs étaient en contact avec le scalpel, qui faisait alors
l’office d’un conducteur métallique. Il varia ses expériences, dépouilla
une grenouille, mit à découvert les nerfs qui descendent de l’épine du dos
dans les jambes, appelés nerfs cruraux ou
sciatiques ; les enveloppa
d’une feuille d’étain ; appliqua l’une des deux extrémités d’un
compas ou d’une paire de ciseaux sur la feuille d’étain, et toucha de
l’autre un point de la surface de la jambe ou de la cuisse de la grenouille.
Chaque attouchement excitait des mouvements convulsifs dans les muscles, qui
demeuraient immobiles lorsqu’on les touchait sans communiquer avec la feuille
d’étain, qui enveloppait les nerfs. Le même effet a lieu sur une grenouille
morte décapitée, ou même réduite à sa moitié inférieure. (...) On
place l’un à côté de l’autre deux verres à boire, presque pleins d’eau
; on met dans l’un d’eux la demi-grenouille, placée de manière que ses
pieds appuient au fond, et que ses jambes et ses cuisses soient à moitié pliées
; on fait pendre par-dessus le bord de l’autre verre, dans l’eau qu’il
contient, l’extrémité des nerfs et leur armure. Si alors tenant à la main
une pièce d’un métal différent de celui qui forme l’armure du nerf, on touche cette
armure avec la pièce de métal, tandis qu’on plonge le doigt de l’autre
main dans l’eau du verre où est la demi-grenouille, elle éprouve au moment
du contact des deux métaux, un tressaillement ou plutôt une convulsion si
violente, qu’elle saute comme si elle était en vie ; elle franchit même
quelquefois le second verre, et va tomber à une certaine distance au-delà. L’eau
n’est point essentielle au succès de l’expérience, qui peut s’opérer
avec les mêmes effets sur des oiseaux, des lapins, des chevaux, même sur une
jambe humaine après l’amputation. On
a dit plus haut qu’il fallait que les métaux de l’expérience fussent de
nature différente. Les métaux qui, pris deux à deux, paraissent produire
l’effet le plus énergique, sont l’argent ou le zinc d’un côté, et l’étain
ou le plomb de l’autre. Le zinc d’un côté en contact avec l’or ou
l’argent de l’autre, semblent produire des effets encore plus marqués.
(...) Voilà
les faits. Quelles en sont les causes ? Est-ce bien le fluide électrique qui
est mis en jeu ? Agit-il comme dans la bouteille de Leyde ? Sont-ce les nerfs,
les muscles qui propagent cette influence ? Existerait-il un magnétisme animal
? Parmi
les expériences multipliées faites depuis la découverte du galvanisme, celles
sur nos propres sens méritent de trouver place dans l’extrait que nous en
donnons. La
langue éprouve une sensations bien désagréable, lorsqu’on met en contact
deux métaux différents, dont l’un repose sur la surface supérieure, et
l’autre touche à l’inférieure. Avec le zinc et l’or, elle est plus forte
qu’avec tous les autres métaux, et n’a rien de commun avec celle que donne
l’électricité ; mais la chaleur en détruit l’effet. La température la
plus convenable est celle de la langue elle-même. (...) Le
tact ni l’odorat ne paraissent pas, jusqu’à présent, éprouver
l’influence galvanique. M.
Foweler, en introduisant dans ses deux oreilles des métaux différents, entre
lesquels il avait établi une communication, crut éprouver une secousse dans la
tête, au moment du contact des métaux. (...) Le
Bulletin de la Société Philomatique, mai 1793, fait mention
d’une expérience faite avec succès par M. Larrey, sur la cuisse d’un
homme, après l’amputation. (V. aussi fructidor an 3, l’expérience faite
par M. Humbold sur lui-même, après s’être enlevé l’épiderme avec un vésicatoire. M.
de Humbold en Allemagne, et M. Wallis à Édimbourg, sont du nombre des
physiciens qui se sont le plus occupés d’expériences sur l’irritation causée
par les métaux, relativement à l’impression différente que les organes
animaux en reçoivent. A la fin de l’année 1796, M. Guyton Morveau a lu à
l’Institut national une lettre intéressante de M. Humbold sur cette matière.
Elle est insérée dans la Décade
Philosophique. Tous les faits qui y sont exposés, et ceux que nous venons
d’annoncer, semblent tenir du prodige. Le
Magasin Encyclopédique, 3e année, t. IV, p. 301, offre une suite
d’expériences faites par le citoyen Sue, professeur d’anatomie, pour
reconnaître quelle est dans les nerfs et dans les fibres musculaires la durée
de la force vitale, soit par des effets spontanés, soit par des excitements
produits par le contact des substances métalliques. Le
cit. Halley, membre de l’institut national, et l’un des commissaires pour vérifier
et examiner les phénomènes du galvanisme, a fait un rapport curieux et intéressant
par les faits et observations qu’il contient. Il
a paru, en 1799, une traduction, par le cit. Jadelot, médecin, d’un ouvrage
fort étendu de M. Humbold, intitulé : Expériences
sur la Galvanisme, et en général sur l’irritation des fibres musculaires et
nerveuses. Pile
ou colonne galvanique. L’ingénieux
Volta a imaginé un appareil galvanique, qui depuis a été modifié et a
produit des effets surprenants. La pile galvanique n’est autre chose qu’un
tube rempli alternativement d’un disque de zinc, d’un disque d’argent, et
d’un disque de carton imbibé d’eau. L’inversion des métaux est indifférente
; mais la pile doit se terminer supérieurement par un disque de métal. Plus le
tube est long, plus l’effet est considérable ; ce tube doit être porté sur
deux supports, de manière à laisser introduire le doigt sur les bords de la
partie inférieure du tube. C’est ce qu’on appelle la pile ou la colonne
galvanique, due à l’invention de Volta. Si, après s’être mouillé les
mains, on porte aux deux extrémités du tube un doigt de chaque main, on éprouve
une commotion, faible à la vérité, mais qui a de grands rapports avec celle
de l’électricité. Si l’on porte la main sur le milieu de l’appareil, on
n’en éprouve rien. Si au lieu du doigt on applique la langue, on éprouve la
même sensation que celle dont nous avons déjà parlé précédemment. La
sensation est plus vive, quand on y applique la lèvre supérieure. Si l’on
forme une chaîne de plusieurs personnes, l’effet s’affaiblit en raison du
nombre ; mais on le renforce en les isolant. A quelque distance de cet appareil,
on place un autre tube semblable rempli d’eau, porté de même sur deux
supports, bouché par ses extrémités d’un bouchon de liège. On fixe à la
partie supérieure du premier tube, un fil de laiton ou de fer, que l’on fait
passer dans l’eau du second tube par sa partie supérieure, jusque vers la
moitié environ. Un autre fil de fer ou de laiton, fixé à la partie inférieure
du premier tube, est pareillement conduit dans l’intérieur du second tube
jusque vers la moitié, de manière qu’il existe entre les deux pointes une
distance plus ou moins grande : car si elles se touchaient, l’appareil serait
sans effet. L’appareil ainsi disposé, l’eau se décompose ; il s’élève
une quantité de bulles d’air qui couvrent la surface du fil du faisceau de
fils de fer supérieur (car on peut faire passer du premier au second tube
plusieurs fils réunis) : à mesure que ces bulles s’élèvent, le fil inférieur
s’oxyde dans la même progression. Cet effluvium,
sensible du fluide galvanique, est continuel et sans interruption. Si dans
cet état de choses on porte un doigt sur les bords supérieurs du premier tube,
l’effet cesse à l’instant, et l’on ne voit plus s’élever de bulles
d’air, ni le métal s’oxyder. On peut changer la disposition des fils, faire
passer le fil supérieur par la partie inférieure du second tube, et le fil inférieur
par la partie supérieure du second tube ; l’effet est inverse, c’est-à-dire,
que le fil qui s’oxydait se couvre de bulles d’air, et le fil qui se
couvrait de bulles d’air s’oxyde. Batterie
galvanique. On
a donné le nom de batterie galvanique à
l’appareil dont on s’était servi à la Société de médecine pour répéter
les expériences de Volta. Cet appareil consistait en un certain nombre de
bocaux rangés les uns à côté des autres ; on avait fait passer de l’un
dans l’autre des lames courbées d’argent et de zinc. L’eau des bocaux
contenait une dissolution de sel ammoniac, et l’effet en était encore plus
marqué que dans l’expérience précédente ; la seule différence entre les
deux appareils, c’est que l’un est vertical, et l’autre horizontal. Les
étincelles qu’on est parvenu à tirer du premier appareil diffèrent un peu
des étincelles électriques ; mais il n’est pas encore permis de prononcer
sur la nature du fluide qui occupe aujourd’hui les savants. Les différentes
expériences qui ont été faites jusqu’à présent indiquent dans les effets
des nuances qui donnent de l’incertitude sur l’identité du fluide électrique
et du fluide galvanique. Depuis
ces découvertes, on a fait, à l’École de médecine, beaucoup d’expériences
décrites dans le Bulletin de la Société
Philomatique, frimaire an 9, p. 165, où l’on trouve aussi le détail et
la disposition des appareils. (Dictionnaire
de l’Industrie, Paris, An IX, Tome 3, p. 131-136) |
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