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Dernière modification: 24/11/2002

Egypte 

 

Antiquités - Sciences et Arts.

Copie d'une lettre du citoyen S.B., membre de la commission des sciences et arts d'Egypte, au citoyen Morand, membre du corps-législatif. Marseille, le . . . . nivôse an 10.

Vous m'avez témoigné plusieurs fois, mon respectable ami, le désir de connaître les principaux résultats des recherches de nos voyageurs en Egypte. Il a déjà paru d'eux plusieurs mémoires sur différents sujets, et le citoyen Denon a annoncé un ouvrage considérable dont il a recueilli lui-même les matériaux. Les autres membres de la commission des sciences et arts, nouvellement de retour d'Egypte, ont rapporté de très beaux et de très nombreux dessins, des notes et des collections qui sont faites pour exciter le plus grand intérêt.

Il n'y a jamais eu et il ne se présentera peut-être jamais d'occasion de recueillir sur cette contrée célèbre des renseignements plus curieux et plus complets, et l'on peut affirmer que désormais l'Egypte nous sera aussi bien connue, sous tous ses rapports, que le pays le plus voisin de la France.

Les voyageurs qui jusque là avaient parcouru l'Egypte (1) avaient éprouvé des obstacles de tous les genres. La défiance et la mauvaise volonté des habitants, la difficulté de porter avec soi les livres et les instruments nécessaires, et l'impossibilité de pénétrer dans plusieurs endroits sans escorte, ne leur avaient permis de visiter qu'une partie des monuments : ils ne les avaient vus qu'en passant, ne les avaient dessinés que de mémoire, et ne les avaient décrits souvent que sur les rapports infidèles des interprètes et des gens du pays. Quelqu'instruit que soit d'ailleurs in voyageur, il est rare qu'il réunisse assez de connaissances et qu'il ait assez de constance et de temps pour traiter seul et avec le même succès toutes les parties nécessaires pour rendre un voyage complet. Aussi les ouvrages de cette nature sont-ils en général consacrés à un genre particulier de recherches. L'un a pour objet spécial la botanique, l'autre l'architecture, un troisième l'histoire et les mœurs. ; et ce n'est que par hasard et comme accessoires que d'autres remarques sur différents objets y trouvent leur place. Enfin, comme leurs auteurs ont ordinairement voyagé seuls, que l'exactitude de leurs récits n'est point garantie par plusieurs témoins, et qu'ils se contredisent souvent entre eux dans la description des mêmes objets, leurs écrits n'inspirent qu'une confiance médiocre et n'ont qu'un faible degré d'authenticité.

Ici c'est tout autre chose. Il s'agit de plus de trente personnes instruites dans différents genres, voyageant dans un pays soumis, protégées par nos troupes qui en occupaient les points les plus importants, et par des escortes particulières qui les suivaient jusque dans les déserts, séjournant autant qu'il était nécessaire dans chaque endroit, pour ne rien omettre d'intéressant ; se distribuant le travail de la manière la plus convenable, s'éclairant mutuellement, en se faisant part de leurs découvertes et de leurs réflexions, et rédigeant souvent sur le lieu même des notes qui n'eussent été ni complètes ni exactes, si on s'en fût uniquement rapporté à la fidélité de sa mémoire. Presque tous étant exercés dans le dessin, un même monument a été dessiné sous tous les aspects à la fois, et un même aspect l'a souvent été par plusieurs personnes.

Quelle confiance ne doivent pas inspirer des récits et des descriptions dont la vérité sera certifiée par trente témoins éclairés ! Ces descriptions publiées séparément perdraient une partie de cette authenticité qui fait leur prix, et tout l'intérêt qu'elles pourraient tirer de leur ensemble. Le désir de tous les gens de lettres doit être de les voir réunies. C'est aussi l'intention du gouvernement qui a appelé à Paris les membres de la commission des sciences et des arts. Leurs travaux publiés sous ses auspices, avec la magnificence qui convient à une grande nation, formeront le plus bel ouvrage qui ait encore paru sur aucun pays, et sera le plus beau trophée de la conquête de l'Egypte par Bonaparte. (...)

Quoiqu'il s'agisse ici principalement de la Haute-Egypte, je me fais un devoir et un plaisir d'observer que tout ce qu'a écrit le cit. Volney sur l'Egypte et la Syrie, a paru à tous nos voyageurs de la plus grande exactitude. S.B.

(Le Moniteur universel, 25 pluviôse an 10 - 14 février 1802.)

 

Rapport présenté aux consuls de la République par le ministre de l'intérieur. Paris, le 17 pluviôse an 10.

Citoyens Consuls,

Pendant la durée de l'expédition d’Égypte, on a observé les antiquités de ce pays, les mœurs, l'industrie, le gouvernement des habitants actuels, toutes les productions naturelles ; on a rapporté des collections considérables de minéraux, de plantes, d'insectes, de poissons et d'oiseaux ; Des plans et dessins d'architecture, des vues perspectives et des copies exactes des bas-reliefs qui décorent les édifices anciens ; Enfin, on a recueilli une assez grande quantité de pierres gravées, de médailles, des manuscrits précieux, et quelques autres objets d'art et d'antiquités.

Il est de l'intérêt des lettres, et l'on peut dire de la gloire nationale, de ne laisser dans l'oubli aucun des résultats d'un voyage si remarquable par son objet et par les circonstances dans lesquelles il a été entrepris.

Quelque distinction que l'on puisse établir parmi ces ouvrages, ils concourent cependant à un but commun, qui est la connaissance complète du pays observé, et il y a une dépendance réciproque entre les faits de l'histoire ancienne d'une contrée, ceux de son histoire moderne, et ceux qui se rapportent à son état naturel et constant.

On propose de rassembler tous ces résultats, et de les publier dans un seul ouvrage, en adoptant la forme qui a été suivie jusqu'ici par les différentes académies de l'Europe. (…)

La publication de ce grand ouvrage offre au gouvernement une occasion vraiment extraordinaire de faire éclater l'intérêt qu'il prend aux beaux-arts. (…)

L'intérêt des auteurs, leur intention déjà connue, la satisfaction de remplir un devoir, et l'espérance de se concilier ainsi l'estime publique et la faveur du gouvernement ; enfin, le désir de concourir à une entreprise littéraire qui doit laisser de grands souvenirs, tous ces motifs l'emporteront sur les premières difficultés d'une réunion si désirable.

En conséquence, et pour parvenir à remplir l'objet indiqué dans le présent rapport, je propose le projet d'arrêté ci-joint.

Salut et Respect,         Signé Chaptal.

  __________________________

 

Extrait des registres des délibérations des consuls de la République. Paris, le 17 pluviôse an 10.

Les consuls de la République, sur le rapport du ministre de l'intérieur, arrêtent ce qui suit :

Art. Ier. Les mémoires, plans, dessins et généralement tous les résultats relatifs aux sciences et arts obtenus pendant le cours de l'expédition d'Egypte, seront publiés aux frais du gouvernement.

II. Les membres de l'Institut d'Egypte et autres qui ont coopéré à ces recherches, seront réunis par le ministre de l'intérieur, et chargés de la rédaction, direction et publication de ces divers travaux.

III. Les artistes et auteurs qui seront chargés de la rédaction, conserveront les appointements dont ils jouissaient en Égypte, pendant tout le temps qui sera jugé nécessaire pour achever leur travail.

IV. L'édition entière sera vendue au profit des auteurs, et la répartition du produit en sera faite d'après les bases qui seront adoptées par l'assemblée des artistes et auteurs eux-mêmes.

V. Il sera nommé, par les auteurs, un secrétaire-rédacteur pris dans leur sein, tant pour rédiger une Introduction historique nécessaire à l'intelligence de l'ouvrage, que pour en disposer les diverses parties dans un ordre convenable.

VI. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Le premier consul, signé Bonaparte.

Par le premier consul,

Le secrétaire-d'état, signé, H.B. Maret.

(Le Moniteur, 19 pluviôse an X, 7 février 1802.)

 

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