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Dernière modification: 25/11/2002
LA VIE DE BONAPARTE, premier
consul de la République française , et Pacificateur de l'Europe, Depuis
sa naissance jusqu'au 18 brumaire an 10, époque de la Paix générale ; précédée
d'un HOMMAGE A LA PAIX. A
Paris, an X de la république Premières
années de Bonaparte, - Présages de sa future grandeur. La
Corse est la patrie de Bonaparte :
il naquit à Ajaccio, le 15 août 1769. Envoyé de bonne heure en France, pour y
recevoir son éducation, il en reçut les éléments à l'école militaire de
Brienne, en Champagne. C'est dans cette école que se manifestèrent les
premiers germes du génie qu'il devait développer dans la suite avec tant d'éclat,
et surtout de cette énergie naturelle qui devait le rendre supérieur à tant
d'événements. Dans l'âge de la dissipation et de la frivolité, sa tête était
froide, son âme ardente, son esprit impatient de connaître. Tout, jusqu'à ses
jeux, portait l'empreinte des affections et des mouvements de son cœur. Chargé
de la culture d'un petit jardin, il l'avait fortifié avec art contre les
attaques de ses camarades, et y passait presque toutes ses heures de récréation,
occupé à la lecture des livres de philosophie et de mathématiques. Suivant le
témoignage d'un de ses condisciples, qui était en même temps son ami, (le
baron de L……r) le jeune Bonaparte avait déjà forcé à l'admiration et à
l'estime, tous ceux qui suivaient avec lui la même carrière. Parmi plusieurs
faits qu'il rapporte, nous nous plairons à citer le suivant, comme donnant la mesure de la trempe de son âme.
Le baron de L…r avait formé quelques liaisons qui déplurent à son ami. -
Monsieur, lui dit un jour Bonaparte avec sang-froid, vous avez des liaisons que
je n'approuve pas ; j'ai réussi à conserver vos mœurs pures, et vos nouveaux
amis vous perdront : choisissez donc entr'eux et moi ; je ne vous laisse point
de milieu ; il faut être homme et vous décider. - Cette première tentative
n'ayant pas réussi, Bonaparte revint plusieurs fois à la charge ; il l'aborda
sèchement un jour, et lui dit : - Monsieur, vous avez méprisé les avis de
l'amitié ; c'est renoncer à la mienne : ne me parlez de votre vie. Après
quelques années passées à Brienne, Bonaparte fut admis à l'école-militaire
de Paris ; il y porta la même énergie et les mêmes principes, ou plutôt il
s'y affermit de plus en plus dans les dispositions qu'il avait déjà montrées.
C'était l'époque où toute la France était en fermentation, et où se
manifestaient les premières étincelles de la révolution
qui devait lui ouvrir une si grande carrière : Bonaparte, quoique jeune
encore, l'avait pressentie comme un sage vieilli au milieu des leçons de l'expérience.
Il avait médité sur les abus du pouvoir et la corruption des cours, et les
mouvements généreux qu'inspire la liberté, lui avaient paru comme le seul
moyen de retirer la France de l'abîme où le trône, en s'écroulant, menaçait
de l'entraîner. Son choix ne fut donc pas douteux, et ses opinions, aussi
franches que ses principes étaient solides, furent toutes en faveur de la
liberté. _______________________ |
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