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Annuaire 1789-1815   >   Personnages  >   Bonaparte

Dernière modification: 25/11/2002

 

LA VIE DE BONAPARTE, 

premier consul de la République française , et Pacificateur de l'Europe,

Depuis sa naissance jusqu'au 18 brumaire an 10, époque de la Paix générale ;

précédée d'un HOMMAGE A LA PAIX.

A Paris, an X de la république

 

Premières années de Bonaparte, - Présages de sa future grandeur.

La Corse est la patrie de Bonaparte  : il naquit à Ajaccio, le 15 août 1769. Envoyé de bonne heure en France, pour y recevoir son éducation, il en reçut les éléments à l'école militaire de Brienne, en Champagne. C'est dans cette école que se manifestèrent les premiers germes du génie qu'il devait développer dans la suite avec tant d'éclat, et surtout de cette énergie naturelle qui devait le rendre supérieur à tant d'événements. Dans l'âge de la dissipation et de la frivolité, sa tête était froide, son âme ardente, son esprit impatient de connaître. Tout, jusqu'à ses jeux, portait l'empreinte des affections et des mouvements de son cœur. Chargé de la culture d'un petit jardin, il l'avait fortifié avec art contre les attaques de ses camarades, et y passait presque toutes ses heures de récréation, occupé à la lecture des livres de philosophie et de mathématiques. Suivant le témoignage d'un de ses condisciples, qui était en même temps son ami, (le baron de L……r) le jeune Bonaparte avait déjà forcé à l'admiration et à l'estime, tous ceux qui suivaient avec lui la même carrière. Parmi plusieurs faits qu'il rapporte, nous nous plairons à citer  le suivant, comme donnant la mesure de la trempe de son âme. Le baron de L…r avait formé quelques liaisons qui déplurent à son ami. - Monsieur, lui dit un jour Bonaparte avec sang-froid, vous avez des liaisons que je n'approuve pas ; j'ai réussi à conserver vos mœurs pures, et vos nouveaux amis vous perdront : choisissez donc entr'eux et moi ; je ne vous laisse point de milieu ; il faut être homme et vous décider. - Cette première tentative n'ayant pas réussi, Bonaparte revint plusieurs fois à la charge ; il l'aborda sèchement un jour, et lui dit : - Monsieur, vous avez méprisé les avis de l'amitié ; c'est renoncer à la mienne : ne me parlez de votre vie.

Après quelques années passées à Brienne, Bonaparte fut admis à l'école-militaire de Paris ; il y porta la même énergie et les mêmes principes, ou plutôt il s'y affermit de plus en plus dans les dispositions qu'il avait déjà montrées. C'était l'époque où toute la France était en fermentation, et où se manifestaient les premières étincelles de la révolution  qui devait lui ouvrir une si grande carrière : Bonaparte, quoique jeune encore, l'avait pressentie comme un sage vieilli au milieu des leçons de l'expérience. Il avait médité sur les abus du pouvoir et la corruption des cours, et les mouvements généreux qu'inspire la liberté, lui avaient paru comme le seul moyen de retirer la France de l'abîme où le trône, en s'écroulant, menaçait de l'entraîner. Son choix ne fut donc pas douteux, et ses opinions, aussi franches que ses principes étaient solides, furent toutes en faveur de la liberté.

  (à suivre.)

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