MORTSEL

VOYAGE D’ETUDE AU FORT IV A MORTSEL ET

VISITE DU MUSEE « GUNFIRE » A BRASSCHAAT

SAMEDI, 1er OCTOBRE 2011

Par une journée d’été indien, version belge, les participants au voyage s’embarquèrent. Très grande participation et voyage vraiment réussi à tous points de vue. Un grand merci à notre infatigable administrateur vice-président Fons Wuyts qui nous avait concocté une fameuse journée.

Très court trajet jusqu’à Mortsel, première étape de notre voyage.

Le décor champêtre et accueillant du Fort nous surprit. Rien ne nous faisait penser à un lieu « militaire ». Ce domaine verdoyant, étendu sur 30 hectares, acheté en 2000 par la ville, est devenu un lieu public de promenade et d’activités culturelles.

Les clôtures ont été détruites afin que le fort soit complètement ouvert. Les façades du front principal et les deux caponnières ont été restaurées, le glacis intérieur ayant été remis en état par la suppression de hangars délabrés. Le fort est reconnu monument protégé depuis 1996.

Nous passâmes sur la passerelle d’un étang où se côtoyaient canards, pigeons et mêmes des oies.

Nos guides nous attendaient à l’entrée du Fort IV. Après quelques photos-souvenirs, nous sommes partis, avec nos guides, pour la visite de Fort IV, en trois groupes.

Dans ces énormes couloirs, nous fûmes surpris de croiser des soldats allemands de la dernière guerre, des paras britanniques, des personnages des années 40 et plein de matériel d’époque… On tournait un film retraçant des faits de la Guerre 39-45.

L’aide financière des différentes autorités a permis d’élaborer un centre pour visiteurs, installé dans les corps de garde de l’entrée principale et dans le couloir blindé qui mène au réduit.

Une maquette du fort est exposée et des films retraçant l’historique des forts Brialmont autour d’Anvers sont projetés en permanence, ainsi que l’explication des défenses par caponnières.

 

En 1859, il avait été décidé de créer un bastion national à Anvers afin que l’armée et les autorités puissent s’y réfugier, en cas de guerre, en attendant les renforts. Le Fort IV, construit pendant la période 1859-1865 faisait donc partie de la ceinture de forts Brialmont autour d’Anvers.

Au départ, le fort était construit en briques, renforcé ensuite par du béton. De forme trapézoïdale, il était entouré d’un large fossé d’eau – par la suite asséché – et, comme mentionné plus haut, il était défendu par des caponnières.

Ce qui m’a vraiment frappée – et je crois n’être pas la seule – c’est la beauté de la maçonnerie. Au deuxième étage, la vue de la voûte surplombant l’escalier est fabuleuse; la disposition des briques rouges est une véritable œuvre d’art. Très fier, le guide souligna que cette voûte avait servi pour une publicité.

Midi approchait et il était temps de reprendre la route; notre déjeuner au restaurant Colmar d’Anvers nous attendait. Nous ne fûmes pas dépaysés par le trajet. Habitués aux encombrements de Bruxelles, nous traversâmes « Anvers travaux » – entre autre le prolongement des voies du tram.

Enfin le Colmar était en vue. La bâtisse du restaurant me faisait penser au style Expo 58.

Les tables bien dressées et le buffet très copieux avec bons vins, boissons multiples, café et même pousse-café nous attendaient. Merci Fons, ton choix était des meilleurs. Tous nous avons apprécié ce déjeuner copieux… nous eûmes même droit aux traditionnelles frites belges.

Après une photo-souvenir sur l’escalier du Colmar, il était temps de partir pour Brasschaat:

Et ici, je cède la plume à Marcel Festré…

 

Gunfire

Brasschaat: le car traverse la Bredabaan et s’arrête brièvement à l’entrée du quartier Ouest.
Il y a… bien longtemps, un autre 1er octobre, tout aussi ensoleillé, m’avait vu arriver ici, avec tout un lot d’autres jeunes civils (plus pour longtemps), l’inévitable valise à la main…
Les bâtiments, à l’entrée, me sont encore familiers, mais les arbres ont poussé. Je ne suis pas sûr de reconnaître grand-chose, d’autant que nous allons droit vers ce qui était alors le domaine des « Air OP », l’aviation légère.

Nous ne passerons donc pas devant le G4, où la 1ère batterie COR avait ses pénates, ni près du G16, où nous avions cours…Tant pis.

Nous débarquons du car. La piste d’atterrissage est toute proche et très fréquentée… Le groupe dont je suis commence la visite par le musée de l’Artillerie anti-aérienne: un vaste hangar, soigneusement organisé. Mon regard tombe sur un pom-pom, un canon anglais dont le tir rapide devait sembler extraordinaire au début du siècle (le XXème…). Mais ce n’est que vers 1916, précise notre guide, que la défense antiaérienne a commencé à se doter de matériels spécialisés, plutôt que de pièces de campagne juchées sur des échafaudages. On nous dit que la défense antiaérienne belge a abattu 17 avions ennemis pendant l’ultime année de cette guerre (dite la Der des Der, the war to end all wars…)

Après une relative léthargie durant les années vingt et le début des années trente, le spectre de la guerre se dresse à nouveau et on essaye de rattraper le temps perdu: Vickers sort un 3’’7 et Bofors un 40 mm (l’un et l’autre équiperont notre « DTCA » en mai 1940). Ils vont œuvrer partout, comme le fera le 90 mm américain. Le musée nous les présente tous les trois, aux côtés de cette autre célébrité, la .50’’quadruple.

L’après-(2ème) guerre : Hispano-Suiza aux trois tubes de 20mm, Gepard avec deux 35 mm, puis le musée nous emmène vers les fusées Hawk, avec leurs lourds systèmes de guidage.

Enfin, dans toute sa (fausse) simplicité de David défiant Goliath: le Mistral. Et nous nous retrouvons en 2011. Au passage, nous aurons salué l’Epervier, un drone de reconnaissance photo (made in Belgium) aux couleurs du 80A, et entrevu, dans une salle voisine, une riche collection d’uniformes des forces armées belges d’après- guerre.

Dehors, soleil toujours superbe, et nous passons au second hangar, consacré à l’Aie de Campagne.

L’histoire ici commence avec une pièce de 6 livres, mod. 1824, encore toute imprégnée des guerres napoléoniennes et, non loin de là, des mortiers dont un pataud Schneider-Bange 220mm… Un canon de 65 mm St Chamond -à ressort récupérateur- annonce la mutation et on entre pour de bon dans l’ère du frein-récupérateur, qui marquera l’artillerie du XXème siècle. On survole deux guerres, illustrées, entre autres (on ne peut tout citer), par des pièces telles que: 75 mm, 77 allemand, un 120mm FRC 1931 que ses propriétaires provisoires avaient repeint en blanc et emmené au front de l’Est. Des américains: 105 mm M2A1 sur affût M2A2 (ou est-ce l’inverse? qu’importe), l’obusier 155 tracté et son frère Long Tom …le musée nous guide au fil de l’évolution: mobilité, de la traction chevaline à la traction « sans chevaux ». Un quad aux couleurs de la brigade Piron, avec son 25pdr et caisson assorti, veille sur son ancien, un tracteur Brossel qu’un jour, n’en doutons pas, des passionnés infatigables ressusciteront pieusement. Et après la roue, la chenille, après les « tractés », les automoteurs, «self propelled»,…Un SP M7 remis à neuf, livrée américaine, côtoie ses successeurs, M108, M109, M110, et un lourd M55 Howitzer 155 mm fraîchement ramené d’Elsenborn.

Nouvelle mutation, vers les fusées cette fois: Honest John, Lance…un autre visage de l’artillerie.

Et les à-côtés: uniformes, munitions, matériel de transmission, bureau de tir mobile, planchette, tables de tir, fan et Rizza-fan, …

Constatation: cet obusier de 105 mm, ce 25pdr, ce M7, mes contemporains, que j’ai connus pleins de vie, tonnant allègrement, sont maintenant des pièces de musée…passons.

Un dernier coup d’œil à ce hangar bien ordonné, à ces produits étranges et fascinants de l’ingéniosité humaine: « Virilités du siècle où nous sommes, o canons ». Apollinaire n’est jamais loin.

Dehors, le soleil décline; avions et planeurs, volets sortis, se succèdent à l’atterrissage, et même un L-18, camouflage et couleurs de l’aviation légère « d’alors »…

L’heure du retour à Bruxelles avait sonné mais pas avant de prendre un dernier verre de l’amitié dans le joli bar où les Volontaires du Quartier militaire nous avaient conviés.

Nous quitterons Brasschaat pleins d’admiration pour tous ceux qui ont participé à la réalisation de « Gunfire ». Une réussite.

Et une réussite aussi que cette journée….

Nous prîmes congé après les « au revoir » et embrassades habituels. Eh oui, ce voyage à Anvers était le dernier de la saison. Il nous restait, bien sûr, la Nocturne, les conférences mais surtout la clôture du Centenaire de la SRAMA, le 10 décembre où, nous en sommes sûrs, vous serez nombreux.

 

Au plaisir de vous revoir, lors de notre premier voyage 2012, et bonne fin d’année à tous.

 

Claudine Meurice et Marcel Festré

Photos : Hugues Happe

Les reportages photographiques de cette journée sont accessibles sur :

https://picasaweb.google.com/100171128013313345118/FortIVGunfire
PhotosSRAMAKVVL#

https://picasaweb.google.com/100171128013313345118/Fort4MuseeGunfire
PhotosGuyDEROYMembreSRAMAKVVL#