Manifeste des Brabançons

Manifeste des Brabançons contre l’empereur

Le peuple brabançon, par l’organe de l’Etat ecclésiastique et du troisième membre des trois chefs-villes, conjointement avec plusieurs membres de la noblesse : A tous ceux qui les présentes verront ou lire ouïront : Salut.

Comme nous nous sommes trouvés dans la dure nécessité de déclarer l’Empereur Joseph II, duc de Lothier[2], de Brabant et de Limbourg, déchu de la souveraineté, des domaines, des hauteurs et prérogatives desdits pays ; il est de notre devoir indispensable d’exhorter et de recommander à tous en général, et à un chacun en particulier, de concourir au bien-être commun et au salut de la patrie; en conséquence, nous défendons très expressément à qui que ce soit, de se liguer avec ceux du gouvernement du ci-devant duc, ou avec le ci-devant duc lui-même, sous peine d’être punis comme ennemis de la patrie. Nous défendons pareillement de troubler le repos et la tranquillité publique, sous quelque prétexte que ce soit, pareillement sous peine d’être poursuivis et punis comme ennemis de la nation. Nous exhortons tous et quelconques citoyens, capables de porter les armes pour la défense de la liberté de la nation et pour le salut de la patrie, de s’annoncer aux chefs établis et connus, pour, ensuite des renseignements qui leur seront donnés, se rendre à l’endroit ou lieu qui leur sera désigné, et s’y soumettre entièrement aux ordres qui leur seront donnés. Au contraire, nous interdisons les attroupements quelconques, qui pourraient tendre au pillage : déclarons en outre, que tous ceux qui auront pillé ou attenté de piller quelque maison, boutique, ou partie de maison de qui que ce soit, fût-ce même d’un ennemi de la patrie, seront également punis comme ennemis de la patrie. Nous déclarons, que tous ceux qui trameront quelque complot ou tiendront quelques discours tendant à favoriser le plan despotique du ci-devant duc, seront punis rigoureusement comme perturbateurs de la tranquillité publique et ennemis de la patrie.

Mandons et ordonnons, que les présentes soient imprimées, publiées et affichées dans la province de Brabant et pays en dépendant, et lieux accoutumés, et partout où besoin sera ; afin qu’elles soient connues, et que personne n’en puisse prétexter cause d’ignorance. Donnons en mandement à tous ceux qu’il appartiendra, d’observer et faire observer le contenu des présentes ; car ainsi l’exige le bien-être et le salut de la patrie. Et vu que les sceaux et cachet des Etats ont été saisis par force et violence de la part du ci-devant duc de Brabant, et que nous avons autorisé par notre manifeste de ce jour notre agent plénipotentiaire de se servir du cachet de ses armes, pour tenir lieu des sceaux et cachet des Etats, jusqu’à ce que ceux-là seront en notre pouvoir, nous avons muni celles-ci dudit cachet.

Fait en Brabant à Hoogstraeten, le 24 octobre 1789. Etait signé, H.C.N. van der Noot, qq.

(Texte paru dans les Annales Patriotiques et Littéraires du mardi 17 novembre 1789. Le journal commentait : L’énergie républicaine se montre dans cette pièce. Rien de vague, d’inutile, ni d’oiseux. L’esprit de la liberté ne connaît point les phrases, et il est à croire que l’avocat Van der Noot, l’âme et le chef de cette généreuse insurrection, sera regardé comme le libérateur des Brabançons. Ils sont disposés à vaincre ou à mourir. Il n’y a point de réponse quand on en appelle ainsi à son courage et à la victoire. Mais après une telle démarche, on peut être persuadé que les Brabançons comptent sur des forces suffisantes de la part de quelques puissances rivales de leur oppresseur.)

 

Traité d’union des Provinces belgiques, du 11 janvier 1790

Chronique des Révolutions belgique et liégeoise.

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