Dernière
modification le 24 octobre 2004.
Guerre
de la Succession d'Espagne. 1702-1714
A
la mort de Charles II d'Espagne (1700), le
roi de France, l'Empereur d'Allemagne, (tous deux apparentés au
défunt roi - ils ont en outre tous deux épousé des
infantes) et l’électeur de Bavière, revendiquent la couronne.
Charles II avait désigné comme successeur Philippe d'Anjou,
petit-fils de Louis XIV. Celui-ci, qui y voit l'occasion de réunir
les couronnes de France et d'Espagne, conserve au nouveau roi ses droits
de succession éventuelle à la couronne de France. Eventualité
qui entraînerait un déséquilibre européen que
ne peuvent accepter les autres puissances.
L'Angleterre, les Provinces-Unies, la Prusse et l'Autriche se coalisent
pour contrer la politique du Roi-Soleil. (Traité de La Haye (1701)
conclu entre l'Angleterre, la Hollande, l'Empereur et la plupart des princes
allemands, le Danemark et le Brandebourg).
Heinsius, grand pensionnaire de Hollande, Malborough, général
anglais chef du parti whig, et le prince Eugène en Autriche, animeront
la coalition.
La France commence par enregistrer des succès : le duc de Vendôme
bat le prince Eugène à Luzzara, Villars bat une autre armée
impériale à Friedlingen et à Hochstedt. Mais Malborough
porte l’offensive dans les Pays-Bas espagnols et l’archiduc Charles débarque
au Portugal. La France est également menacée à l’intérieur
par la révolte des Camisards dans les Cévennes.
La perte de la seconde bataille de Hochstedt (1704)
rejette les Français hors de l’Allemagne, et la bataille de Ramillies
(1706) livre les Pays-Bas aux Alliés.
La même année, le prince Eugène écrase La Feuillade
à Turin, et les Français perdent le royaume de Naples et
le Milanais. Les Anglais enlèvent Gibraltar et Minorque, tandis
que l’archiduc Charles d’Autriche occupe Madrid. L’armée de Louis
XIV est mise en déroute à Oudenaerde par Marlborough (1708).
Lille se rend après deux mois de siège, la France est envahie.
L’hiver de 1708/1709 ajoute encore ses rigueurs aux désastres de
la guerre, et Louis XIV est contraint de demander la paix.
L’intransigeance des coalisés, sous l’impulsion de Heinsius, qui
vont jusqu’à exiger que Louis XIV entre en guerre contre le roi
d’Espagne (son petit-fils) entraîne l’échec des pourparlers.
« J’aime mieux faire la guerre à mes ennemis qu’à
mes enfants », dira le roi, qui fait appel à l'opinion française
dans un discours lu en chaire par tous les curés du royaume, ce
qui provoque un sursaut national contre l'ennemi. En 1709
a lieu la bataille de Malplaquet, où Villars tue vingt mille hommes
à l’ennemi en n’en perdant que huit mille, avant d’être contraint
à la retraite.
En décembre 1710, Vendôme bat les
Anglo-autrichiens à Villaviciosa, ce qui assure la possession de
l’Espagne à Philippe V.
L’archiduc Charles, élu empereur après la mort de son frère
Joseph Ier (1711), devient un candidat à
la couronne d’Espagne trop menaçant pour l’équilibre européen
: aussi l’Angleterre, lasse de la guerre, se décide à traiter.
Des préliminaires de paix sont signés à Londres en
octobre 1711. Les Autrichiens et les Hollandais ne renoncent pas, mais
ils sont battus à Denain le 24 juillet 1712.
Le 11 avril 1713, la paix est signée
à Utrecht entre la France et l’Espagne d’une part, et l’Angleterre,
la Hollande, le duc de Savoie, le Portugal et le Brandebourg de l’autre.
(L’Autriche poursuit la guerre).
Louis XIV consent à ce que les couronnes de France et d’Espagne
ne soient jamais réunies sur la même tête, il accepte
l’ordre de succession établi en Angleterre par la révolution
de 1688 et s’engagea à chasser de France le prétendant catholique,
Jacques-Edouard Stuart ; il s’engage en outre à démolir
les fortifications de Dunkerque.
Le duc de Savoie reçoit la Sicile avec le titre de roi, et l’électeur
de Brandebourg se voit reconnaître son titre de roi de Prusse.
Une brillante campagne de Villars en Allemagne, couronnée par la
prise de Landau et de Fribourg, contraint l’Empereur à signer le
traité de Rastadt (1714), par lequel
il acquiert les Pays-Bas espagnols (la Belgique, qui s’appellera dorénavant
Pays-Bas autrichiens), Naples, la Sardaigne, le Milanais et les présides
de Toscane.
A l’issue de la guerre, qui fut la première grande guerre mondiale
et économique, l’Angleterre a consolidé sa position de puissance
commerciale et maritime, l’Autriche a augmenté sa force militaire
et son autorité en Europe, et la Prusse s’est imposée comme
une nouvelle puissance en Europe ; l’Espagne et la Hollande sont ramenées
au rang de puissances secondaire ; la France, sortie épuisée
de la guerre, a perdu une grande partie des territoires conquis dans la
première partie du règne de Louis XIV.